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EDITO
L’Observatoire du
métier de la scierie à l’écoute des scieurs français
L’Observatoire du métier de la scierie livre dans ce dossier sa
première étude d’envergure portant :
-sur une
enquête auprès d’un échantillonnage de scieurs français et de leurs clients
(négociants, charpentiers, menuisiers, fabricants de maison ossature bois,
emballeurs…),
- sur une étude
prospective de la scierie française à 2016.
Le professionnel de la
scierie ou tout autre acteur de la filière bois trouvera une multitude
d’informations qui permettront à chacun de repositionner sa vision du métier.
Dans les travaux proposés, l’Observatoire a voulu pointer, en toute
indépendance, les évolutions marquantes,
présentes et celles à venir, tant du secteur lui-même mais aussi de
son principal marché, le bâtiment, au
travers de la charpente, fenêtre, parquet, lambris, maison ossature bois... et
des nouvelles attentes des consommateurs.
Sachant
que la scierie française avec ses 10 millions de m3 de sciage
annuel, a du mal à trouver le second souffle qui lui permettrait de recoller au
wagon de tête des scieries européennes, l’étude a constamment recentré ses
interrogations sur les solutions à apporter pour être plus pertinents dans les
domaines de la production, de la
revalorisation et des attentes du marché.
Les
travaux ont fait ressortir que la
faiblesse du premier maillon de la filière bois se porte au niveau de ses
modestes moyens capitalistiques. Il lui
est par conséquent difficile d’être concurrentiel à l’échelle industrielle.
Toutefois, sa force est d’évoluer dans un secteur, certes qui se concentre,
fait de PME familiales ancrées sur le territoire. Ces dernières ont un fort capital
« savoir-faire » et une connaissance culturelle du matériau bois.
Mais ces atouts suffiront-t-ils demain pour être compétitives et
perdurer ? Nul ne peut le prédire. Seule la cohérence des moyens de production, des stratégies d’entreprises et des politiques de développement territoriales aideront le milieu à se
développer.
L’enjeu,
et de taille. Il dépend, en effet, de la valorisation de notre ressource
nationale, soit 16 millions d’hectares produisant chaque année près de 80
millions de m3 de bois. Il doit aussi répondre à une demande
exponentielle de bois de part les valeurs écologiques qu’il véhicule.
Tout
le monde s’accorde à dire que notre forêt ne doit pas être seulement un lieu de
loisirs, mais aussi un moyen d’extraire de la richesse au travers les échanges
commerciaux et les emplois engendrés. Mais que penser, et sans leur jeter la
pierre, des artisans et industriels de
la seconde transformation qui, faute de trouver le produit adéquat (prix,
qualité, spécificité) à leurs besoins,
sont obligés de se fournir à l’étranger ! Près de 35% de la consommation
de sciage en France sont importés (essentiellement des pays nordiques,
d’Allemagne, d’Autriche et des pays tropicaux, soit près de 3,5 millions de m3).
Au
bout du compte, l’étude proposée se veut surtout outil d’analyse pour susciter
non la polémique, mais, en premier une interrogation et, en second un débat au
sein de l’entreprise, puis dans les groupes syndicaux et interprofessionnels,
mais aussi entre ceux qui ont en charge les politiques de développement local
et national. Si tel est le cas ce sera une ouverture positive. Ce sera aussi le
fruit d’une recherche portée depuis trois années par le groupe d’une
quarantaine d’acteurs professionnels réunis au sein du club de scieurs
développeurs et de leurs partenaires, associé à l’Observatoire du métier de la
scierie.
|
OBSERVATOIRE du METIER de la SCIERIE Le Charbonnier 69870 Lamure-sur-Azergues |
* ETUDE
PROSPECTIVE SCIERIE 2016
L’objectif des études « enquête scieries
2006 » et « enquête utilisateurs bois », présentées ci-après,
est de faire un gros plan sur le secteur
professionnel[1]
de la scierie et de cerner les attentes de sa clientèle.
Il
est aussi d’ébaucher par le biais de « l’étude prospective de la scierie
française en 2016 » des voies de développement
dans une mise en perspective du potentiel et des enjeux socio-économiques
du pays mais aussi du monde.
Et
enfin, le dossier « étude de marché du secteur de la construction et de la
maison bois en particulier » doit permettre de mieux cerner le principal
marché utilisateur du matériau bois.
L’ambition
de cette recherche, portée par l’Observatoire du métier de la scierie[2],
est de pointer les évolutions saillantes
des principaux déterminants de l’exercice du métier de scieur et d’aider à mieux
percevoir les problématiques des dirigeants ainsi que les mutations profondes
dans lesquelles le milieu amont de la filière est engagé.
I- « ENQUETE SCIERIE 2006 » |
Enquête et étude
réalisées avec le soutien de la MFLS et
du club associatif des scieurs développeurs et de leurs partenaires. Enquête et étude réalisées sans aucun
financement public.
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|
1- Objectif de l’enquête :
Près de 100 scieries éparpillées
sur 39 départements ont répondu au
printemps 2006 à l’enquête de
l’Observatoire du métier de
« Faire
une photographie du milieu en temps t» est le postulat de départ. Pour cette
raison, cette enquête a prélevé des informations sur les types de produits, de revalorisation et sur
la clientèle, mais aussi et surtout sur le projet d’entreprise (à court, moyen et long terme), sur les atouts, les faiblesses, les craintes
et enfin sur la perception de l’avenir.
2- Un échantillonnage, au final, assez représentatif du milieu :
Il ressort d’essentiel que sur l’échantillonnage enquêté les scieries françaises :
- sont à 80% installées à la campagne, 13% en zone périurbaine et 7% en ville,
- le statut pour plus de 70 % d’entre elles est la société, à savoir SNC, SA, SARL. 30% sont des entreprises individuelles ou EURL,
- 40 % des scieries ont des effectifs compris en 6 et 19 salariés, et 27 % entre 1 et 5,
- les essences sont aux 2/3 des résineux et 1/3 des feuillus,
- plus de 45 % d’entre elles consomment moins de 3 000 m3/an (il s’agit des entreprises artisanales),
-
plus de 42 %
d’entre elles consomment entre
-
11 % d’entre
elles consomment plus de
Ce classement typologique intéressant peut être rapproché du classement national réalisé par l’Observatoire du métier de la scierie[3] et d’après les enquêtes de branche qui établissent le classement suivant :
- 43 % des scieries artisanales : production < 1 500 m3 sciés/an
-
44 % des scieries semi-industrielles : production <
8
-
13 % des scieries industrielles : production >
3-
Produits réalisés :
En comptabilisant uniquement les champs d’activité des scieries (qui souvent s’additionnent dans une même entreprise), on constate que :
-
72 % des
entreprises déclarent faire de la charpente sur-liste
- 35 %
des entreprises déclarent faire de la
charpente standard
-
50 % des
entreprises déclarent faire du parquet, de l’avivé et du plot.
D’autres produits sont aussi faits comme les lambris, les traverses SNCF, le sciage à façon, les merrains.
4-Clientèle des scieries :
56 % du volume d’activité des scieries enquêtées vont en direction des entreprises utilisatrices de bois (industries, charpentiers, menuisiers, fabricant de palettes emballage…)
Le volume en direction des particuliers (pour les scieries artisanales et semi-industrielles) est de plus 20%. Cette donnée montre bien que le segment de la vente directe est en pleine évolution et qu’il n’est plus seulement réservé aux scieries artisanales.
La nouveauté est que les entreprises divulguent à présent la part de marché destiné aux particuliers.
Le négoce se maintient autour de 20%.
Quelque 4% du volume d’activité vont en direction de la GSB et ce sont les scieries industrielles qui possèdent cette clientèle.
5-Revalorisation :
Près de 48% des entreprises traitent le bois. Près de 38 % le font sécher et plus de 35% le rabotent, et enfin 10% taillent la charpente et quelque % font du bois massif reconstitué. Certaines offrent des services complémentaires comme le traitement Haute Température, la livraison, le négoce, et considèrent ces services comme une revalorisation.
6-L’avenir :
Pour deux scieries sur trois, l’avenir est incertain, mais cependant prometteur pour plus de 23% des répondants. Seuls 6% le trouvent catastrophique et plus de 10 % sont sans avis.
Vision de l’avenir pour les
scieurs enquêtés
Source : Observatoire métier scierie 2006
7-Craintes :
La première crainte est la concurrence européenne pour 45% des répondants. La deuxième est la conjoncture économique. L’aide insuffisante des pouvoirs publics préoccupe également 41 % des enquêtés. Viennent ensuite les craintes liées au personnel, à sa qualification, à l’insuffisance des équipements, à leur vieillissement, aux impayés, à l’aide frileuse des banques et à l’effondrement des marchés.
Parmi les autres craintes exprimées, on trouve aussi : les problèmes liés à l’achat des grumes (rétention ONF, système d’achat suicidaire), la concurrence, la santé du bâtiment, les charges, les normes, la « paperasserie » (la lourdeur administrative) et, enfin, la santé du dirigeant et le problème de sa succession.
8- Projet d’entreprise :
Sur cette thématique (en réponse ouverte), plus de 50 % des enquêtés ont dit avoir un projet (souvent même inscrit sur plusieurs champs), 31 % sont des projets à court terme, 29 % à moyen terme et 11 % à long terme.
L’autre moitié est sans projet ou tout au moins ne l’a pas exprimé.
En priorité des projets exprimés, on trouve :
-
l’amélioration
du matériel et/ou bâtiment
-
le rabotage
-
le séchage
-
la
revalorisation du bois
-
le négoce.
9-Atouts :
Le principal atout pour deux entreprises sur trois est :
- le savoir-faire.
Ensuite, sept entreprises sur 10 considèrent comme autre atout :
- le respect du délai.
Pour une sur deux :
- la réactivité
- la polyvalence du personnel
- un matériel adapté.
Pour un tiers des répondants :
- le travail en famille
D’autres atouts sont avancés :
- la connaissance de son outil de production
- le service de proximité
- le transport…
10-Faiblesses :
La principale faiblesse est pour la moitié des répondants :
- la lourdeur des investissements.
Puis, sont aussi soulevés :
-
l’incertitude de
la succession,
-
l’emplacement
géographique,
-
l’inadaptation
du matériel et des salariés par manque de qualification
11-Comparatif atouts/faiblesses :
En croisant les données, on s’aperçoit que les énoncés et notamment le triptyque « savoir-faire - délais - réactivité » sont très supérieurs aux faiblesses « lourdeur des investissements ». Les scieurs ont conscience de leur potentiel (moyen de production, savoir-faire) et cela leur permet de respecter les délais en étant réactifs. Mais, cet aspect peut être remis en question à tout moment à cause d’une non adaptation d’un matériel qui ne peut être maintenu à la pointe de la technicité, du fait de la lourdeur des investissements (qui ralentit et stoppe même souvent l’initiative).
Le fragile équilibre stigmatise, peut-être ici, la problématique essentielle du métier de scieur, à savoir « être toujours en phase avec les demandes du marché » en possédant les moyens de production les plus adaptés pour répondre au mieux à la règle prix/délai…
Graphique comparatif atouts et faiblesses des scieries
Source : Observatoire du métier de la scierie 2006
12-Conclusion :
En donnant l’occasion à un
échantillonnage d’une centaine de professionnels de la scierie d’exprimer les atouts
et les faiblesses de leur entreprise, mais aussi en allant chercher au fond de ces hommes de terrain
« pressés et compressés par un métier difficile et exigeant » leurs craintes sur le présent et celles sur
l’avenir, cette enquête révèle :
-
des dirigeants qui peinent à se projeter dans l’avenir, que 61 % d’entre eux jugent incertain,
-
des dirigeants qui vivent plutôt dans le présent en essayant de
« tenir » face à la concurrence, surtout européenne,
-
des dirigeants qui mettent en avant la force de production de leur
entreprise en occultant totalement (dans les atouts, les faiblesses et les
projets) la notion « force de vente » matériel et/ou immatérielle,
-
des dirigeants qui ne « luttent » plus autour de leur clocher
mais, bel et bien, sur la grande place européenne en espérant un maintien de la
conjoncture favorable au secteur de la
construction où le bois pourrait gagner encore beaucoup de parts de
marché. Dans cet esprit, ils comptent sur la force du savoir-faire, de la famille, et des moyens de production
(hommes et matériels) qu’ils cherchent perpétuellement à adapter aux situations
diverses et évolutives de la scierie française.
Ce
n’est qu’avec cet ensemble (famille/savoir-faire/moyens de productions)
optimisé que les entreprises pensent répondre à une clientèle toujours plus
pressée et exigeante en matière de coût et de délais.
Mais,
cette mécanique, pourtant bien huilée par l’expérience et le dynamisme de
l’entrepreneur-manager (homme orchestre) de scierie, est à la merci des banques, des fournisseurs de grumes, des
administrations et d’une conjoncture qui, d’un jour à l’autre, peut mettre
à terre la plus belle unité et la plus forte initiative (tant capitalistique
qu’en terme d’investissement personnel).
Cependant,
cette étude révèle, en s’opposant à de nombreux clichés, que les entrepreneurs
de scierie revalorisent déjà leurs sciages par traitement, séchage, rabotage, taille de charpente, bois massif
reconstitué et s’ouvrent même à la vente directe et au négoce.
Certes,
« ce virage » n’est pas encore
suffisant (dans le sens d’une massification de l’offre) pour satisfaire une
demande forte émanant des utilisateurs qui, faute de trouver « le produit
adapté », se soustraient à employer des bois d’importation. Toutefois, le
désir d’apporter de la valeur ajoutée existe bel et bien. Cette réalité
condamne ceux qui pensent que « les scieurs français ne veulent pas
évoluer vers davantage de valeur ajoutée sur le sciage tombant de scie ».
La
scierie française est remarquable par sa diversité. Elle est certes une
lilliputienne volumétrique par rapport à ce qui se fait au sein des grands groupes européens et mondiaux mais,
son originalité qui repose sur la
tradition, la connaissance d’un métier, d’un matériau, la passion de ses
dirigeants (qu’ils soient scieurs dans les Pyrénées, le Jura, le massif
Central, en Alsace, en Savoie ou dans le Pas-de-Calais), et surtout leur investissement personnel.
Cette
enquête a rempli son objectif initial (même si le nombre de réponses a été
inférieur à ses espérances), c’est-à-dire celui de transcrire une image la plus
proche d’un milieu qui veut perdurer
même si les problèmes de succession et de main d’œuvre sont au cœur des enjeux
de développement territoriaux.
Des
enjeux qu’il est nécessaire de rappeler :
-
maintien de l’emploi,
-
générer de l’activité en milieu rural (huit scieries sur dix selon
l’enquête),
-
apporter de la richesse aux propriétaires de la ressource,
-
valoriser la ressource locale.
Ce
message doit être clair, dit et redit pour que ce maillon faible de la filière
ne se rompt pas dans les mouvances tempétueuses du commerce, ou de la politique
(qui doit donner un sens à l’action des territoires), ou encore dans le
désarroi de ses praticiens (scieurs) qui, las de se battre, jettent parfois
l’éponge. Cette enquête fait ressortir cet aspect. L’urgence aujourd’hui est d’écouter les acteurs pour mieux les
comprendre et associer les compétences afin d’être plus forts ensemble sur la
grande place du marché européen du bois scié, revalorisé ou non.
II-
« ENQUETE UTILISATEURS DE BOIS » :
1-
Le verdict des chiffres :
On
entend trop souvent dire que les utilisateurs de bois (menuisier, constructeur
maison bois pour ne citer que ceux-ci) préfèrent les bois d’importation aux
bois français. Une affirmation que les chiffres, malheureusement, ne démentent
pas.
En
effet, les données statistiques montrent
que, aujourd’hui, on consomme en France quelque 10 millions de m3 de
sciages produits sur le territoire mais qu’à ce nombre s’ajoutent 3,5 millions issus de l’importation (80 % Résineux du Nord et Allemagne, auxquels
se rajoutent 20 % de bois exotique) pour
fabriquer charpente industrielle (fermette), bois massif reconstitué (BMR),
maison ossature bois (MOB), Menuiserie (huisserie, porte, fenêtre, volet, bardage,
lambris…), éléments de terrasse…
L’écart
qui se creuse d’année en année devient inquiétant et, c’est pour cette raison
que l’observatoire du métier de la scierie a voulu comprendre ce qui pousse les utilisateurs de bois à porter leur choix sur les bois d’importation.
Ce débat ouvert n’a aucun esprit polémique. Il ne veut pas
« aiguillonner » les partisans du bois d’origine française contre
ceux d’importation. Il a plutôt un sens
constructif de recherche de solutions pour satisfaire artisans et industriels
français qui utilisent et valorisent le matériau bois dans la construction,
l’agencement intérieur et extérieur, le meuble et l’emballage.
2-
Un
échantillonnage mobilisant plus 70 000 m3 :
Pour
comprendre ce
qui pousse les utilisateurs à faire le
choix de bois d’importation, l’enquête qualitative leur a donné
L’échantillonnage porte sur
différents utilisateurs (fabricants de chalets, fabricants
de HLL et terrasse en bois, menuisiers
artisans, charpentiers industriels, menuisier industriel, négociant, coopérative, emballeurs industriels, constructeurs de MOB, charpentiers
artisans) « consommant » plus
3- Provenance des
essences :
Pour la part bois importation : 15 entreprises sur 24 utilisent du
résineux sapin ou pin « bois du Nord » en avivés pour chalets, habitation
légère de loisir, poutres en I, emballage, lamellé-collé. 5 entreprises sur 24
utilisent des sciages résineux pour la fermette venant d’Allemagne et du
contrecollé type BMR venant d’Autriche.
Le
bois exotique venant d’Afrique, d’Asie et du Brésil est utilisé par 6
entreprises sur 24 pour la réalisation d’escaliers, terrasses, portes,
fenêtres…Les bois les plus souvent cités
sont : Niangon, Framiré, Sipo, Bossé, Ipé, Teck, Palapi, Touari.
Les moins cités sont l’Iroko, Movingui, Okoumé, Ozigo…
La
part bois d’origine française se distingue en produits dits spéciaux que
les utilisateurs ne trouvent pas sur le marché de l’importation ou qui viennent
le compléter en « bouchant les trous » en cas de besoin urgent !
Les essences spécifiques le plus souvent citées sont : douglas, sapin,
châtaignier, chêne, hêtre
4-
Pourquoi le choix du bois d’importation ?
La
majorité des vendeurs et utilisateurs de bois attendent du bois
d’importation :
- une qualité
intrinsèque, du bois sec au % de siccité désiré par l’utilisation spécifique,
un coût intéressant.
Beaucoup
trouvent aussi que le cahier des charges du triage, de la présentation des
paquets est mieux respecté dans les sciages d’importation que pour les sciages
français.
La
moitié des enquêtés affirme, surtout dans le résineux, ne pas trouver la
qualité qu’elle recherche en France, sans pour autant dire qu’elle n’existe
pas. En effet, certains disent que si l’on triait mieux le résineux, « on
trouverait la qualité intrinsèque ». De même que certains se sont plaints
du suivi de la qualité « les premiers camions sont bons et après il y a
problème », ce qui les pousse à employer le bois d’importation.
D’autres
motivations significatives ont été relevées. On peut les classer en deux
catégories :
-
la première liée au
produit : croissance lente et serrée, habitude de se servir d’une
essence, demande du client, bois normalisé, meilleure tenue peinture, pas de rebus. produit prêt à l’emploi
-
la seconde liée au service :
prix affiché, réactivité du fournisseur,
régularité de l’offre, qualité suivie,
service-délai, relation avec le fournisseur.
5- Conclusion :
L’étude
révèle que les utilisateurs de bois
veulent pouvoir :
-
utiliser dans leur process de fabrication des produits à la qualité
régulière (regroupant qualité
intrinsèque, bois sec et respect du cahier des charges sur la spécificité du
produit et de sa présentation en paquet),
-
produire le moins de rebus
possible,
-
avoir l’assurance que le produit
reste stable tant dans les phases d’usinage à l’atelier qu’une fois posé
chez le client,
-
être rassuré sur la pérennité de
l’ouvrage, car il n’y a pas meilleure contre-publicité pour le matériau
bois et l’entreprise qui l’a mis en oeuvre qu’un produit qui a fendu, s’est
vrillé ou retiré
-
être davantage accompagné par
leurs fournisseurs.
Même si le coût reste une
notion importante, il n’est pas l’essentiel. En effet, les entreprises seraient
prêtes à payer plus cher si le service était assuré. Si l’option du bois
d’importation est
prise, c’est que l’offre
n’existe pas ou peu ou est encore mal connue sur les produits d’origine
française, ou alors qu’elle n’est pas régulière et stable sur
Des interrogations sont soulevées par
cette enquête qui pourrait être un point d’ancrage à de
futures
réflexions, à savoir :
-
la qualité intrinsèque recherchée
par les utilisateurs de bois résineux existe-t-elle vraiment en France pour
faire massivement des produits techniques, comme le lamellé-collé, le
contrecollé, la fermette, les bois d’ossature et la menuiserie du
bâtiment ?
-
pourquoi le séchage manque-t-il
massivement aux sciages français et surtout aux résineux (13% du
volume sciage résineux est séché en 2004 alors que le bois d’importation l’est
à 60% selon des estimations de la Fnb) ?
|
1994 |
2004 |
Evolution des volumes en % |
Estimation volume séché en % |
Production
sciages résineux français |
6 809 000 |
7 490 000 |
+ 10 |
13 |
Importation Dont : -
Europe du Nord -
Allemagne |
1 607 000 |
3 283 000 |
+ 104 |
60 |
1 445 000 144 000 |
2 006 000 839 000 (Fermette) |
+ 38 + 482 |
70 50 |
|
Consommation
apparente |
8 416 000 |
10 773 000 |
+ 28 |
|
Exportation |
300 000 |
629 000 |
|
|
Production, importation,
exportation des sciages résineux entre 1994 et 2004 Source Fnb
- pourquoi n’arrive-t-on
pas à homogénéiser les livraisons en régularité du tri, présentation des charges
et délai ?
- pourquoi n’arrive-t-on pas
à baisser les coûts de production
pour être compétitifs sur les produits contrecollés ?
Pour diminuer la part des
importations, il conviendra de trouver des réponses aux questions
ci-dessus. Des utilisateurs nous ont dit
« tenter des rapprochements » avec les producteurs français. Des
producteurs qu’ils connaissent bien car ils leur achètent aussi du bois frais
de sciage en produits spéciaux, ou
essences spécifiques, ou encore en dépannage « pour boucher les
trous ». Il semble que l’écoute
s’améliore, que les problèmes se posent, se formalisent et que des solutions
s’ébauchent avec les projets de mise en place de séchoirs pour sécher davantage
de volumes en résineux. De plus, il se pourrait bien que dans un avenir proche
et avec les problèmes liés à l’importation de bois exotiques, qui se raréfient,
issus « d’exploitation douteuse », et/ou non certifiés que
n’acceptent plus les marchés publics, un basculement s’opère sur les essences
européennes feuillues mais aussi résineuses aux « origines
contrôlées et certifiées».
III
– « ETUDE PROSPECTIVE :
1-Préambule:
L’histoire de la scierie
française est à un tournant. Un de plus devrions-nous dire, car le chemin suivi
depuis trente ans n’a pas cessé d’être
sinueux et tourmenté au gré des fluctuations socio-économiques. Le milieu compte
désormais 2200 scieries éparpillées sur le territoire et produit dix millions de m3 de sciage avec
près de quinze mille salariés.
Quels seront l’avenir de ce
secteur professionnel ancré dans le patrimoine forestier, les traditions et les savoir-faire de la
transformation du bois ? Quel sera aussi l’avenir des femmes et des hommes
qui oeuvrent avec passion dans des entreprises le plus souvent
familiales ? Un capital qu’il conviendra de faire perdurer ! Mais
c’est sans compter que s’imposeront demain, plus qu’hier encore, des logiques
économiques impitoyables auxquelles il conviendra de s’adapter au risque de
disparaître… Les acteurs, chefs d’orchestre, continueront-ils dans leur grande
majorité à diriger leurs affaires « au fil de l’eau », c'est-à-dire
en se laissant porter par les courants économiques ou deviendront-ils des
managers capables, parce qu’ils auront anticipé les mutations et su s’entourer
de compétences, d’orienter des choix stratégiques et technologiques ?
Les secteurs, artisanal,
semi-industriel, industriel, vont-ils se dissoudre, se banaliser dans la notion
de « groupe » et de quelques unités de sciage maillant le territoire
en « arrosant » de leurs produits normés et standardisés la grande
distribution ? Où alors les trois secteurs du sciage national vont-ils être capables de trouver les
ressorts (économique, technique, politique, culturel) qui assureront non
seulement leur maintien mais leur développement pour retrouver une place
de choix dans le concert européen du sciage ?
C’est à ces questions que l’étude prospective : scierie française
à l’horizon 2016 veut répondre en se livrant à l’inventaire de la situation
économique, sociale, politique et législative d’aujourd’hui et à ce qu’elle
pourrait être dans une décennie. L’exposé se veut dynamique par les scénarios
qu’il développe non dans un esprit d’exhaustivité mais plutôt dans celui d’une démarche ouverte sur le vivant et les
problématiques essentielles (approvisionnement, transformation, vente,
concurrence, consommation, promotion, emploi, marché, gestion durable…)
soulevées par la profession, dans le cadre des rencontres de l’Observatoire du
métier de la scierie, des comptes rendus de la presse professionnelle et des
entretiens qualitatifs avec les praticiens.
2-Introduction à l’analyse
prospective
Face à un environnement de
plus en plus complexe, aléatoire et
concurrentiel, l’analyse prospective du secteur de la scierie veut apporter un éclairage de long terme à
des chefs d’entreprise, mais aussi à leurs partenaires (fournisseurs,
utilisateurs, banquiers, institutions…) sur ce que pourrait être le devenir du
secteur économique de la 1ère transformation du bois en France à
l’horizon 2016. Chefs d’entreprise et partenaires, focalisés sur leur activité
présente, trouveront un outil de
réflexion afin de prendre du recul pour mieux appréhender et accompagner
leurs choix stratégiques à venir.
À la différence de la
prévision qui trace des tendances à partir de modèles économiques connus, la
prospective identifie les variables essentielles qui conditionneront
l’évolution de la scierie.
Ces variables sont :
-
le contexte socio-économique,
-
le contexte géopolitique
-
le mode de vie de nos
contemporains,
-
la protection de l’environnement,
-
la gestion durable du bois,
-
le rôle des institutions
publiques et privées dans l’aide au développement du secteur,
-
l’approvisionnement,
-
la vente des produits,
-
l’évolution des produits.
Tableau détaillant le contenu des variables :
Variable |
Contenu détaillé |
Contexte
socio-économique |
- Influences de l’économie sur le niveau de vie - Taux de chômage. Taux de croissance - Adéquation de l’emploi entre l’offre et la
demande - Facilitation à l’accession à la propriété |
Contexte géopolitique |
- Niveau de vie de la France et des autres pays - Mondialisation -Tension entre pays riches et pays en
développement. Pays en développement qui peuvent faire évoluer la consommation lorsque ceux-ci
augmentent leur propre niveau de vie (Pays de l’Est, Chine, Inde) |
Mode de vie
de nos contemporains |
- Chasse au gaspillage. Economie d’énergie - Evolution vers un habitat écologique (isolation,
structure, énergie…) - Retour à la campagne (néoruralité). Positif dans
le cas de l’activité suscitée mais négatif pour les contraintes liées à la
pollution sonore et visuelle |
Protection
de l’environnement |
- Crise de l’énergie liée au pétrole - Armes législatives - Lutte contre les pollutions sonore, visuelle,
air, eau - Contraintes financières supplémentaires pour les
producteurs non répercutées sur les prix de vente (mobilisation de la
ressource, transformation des grumes, revalorisation des sciages…) |
Gestion
durable du bois |
- Prise de conscience du consommateur sensible aux
enjeux de développement durable - Transparence de la filière de transformation
(écocertification ou logique de partie prenante) - Evolution de la demande de bois écocertifié. Non
spontanée, ni prioritaire en 2006 mais qui pourrait le devenir dans les
années à venir |
Rôle des
institutions publiques (Etat, région, département,
commune) et privées (syndicat
professionnel, interprofession, CTBA…) |
- Politique de filière (dynamisation d’un milieu)
qui existe (appuyée par les pouvoirs publics) mais qui est « suivie de
loin », voire ignorée par les acteurs
(80 000 entreprises pour
550 000 salariés) - Financement par le biais du subventionnement
plutôt axé sur les entreprises de production (le cas avec le FFN jusqu’aux
années 2000) - Propriétaires de bois public (Etat, communes,
collectivités) trop éloignés des problématiques des transformateurs (conflit,
tension, incompréhension) |
Approvisionnement |
- Système par adjudication ancien et plus adapté à
des pratiques industrielles qui veulent sécuriser l’approvisionnement - Des pratiques commerciales qui évoluent vers la
contractualisation - Un milieu forestier qui se concentre
(coopératives, ONF, exploitants, ETF) |
Vente des produits |
- Marketing - Campagne publicitaire CNDB - Influence des produits écocertifiés - Vente directe (petite quantité, sur-mesure) - Vente massifiée (négoce, GSB) |
Evolution des produits |
- Evolution des besoins : du produit brut au
produit élaboré - Plus de technicité (bois massif reconstitué pour
une facilitation accélération de la mise en œuvre) -Recherche de sécurité pour les utilisateurs mais
aussi pour les producteurs (évitement
des conflits avec le client
final) - Sur le triptyque : « standardisation,
massification, industrialisation », recherche du prix bas donc
concurrentiel dans le concert de la mondialisation - Traçabilité : origine du produit (demande
des clients en rapport à la gestion durable) |
3- Des scénarios pour se projeter dans
l’avenir 2016
Les scénarios font
apparaître des tendances prévisibles
mais aussi et surtout des ruptures
possibles. Aucun des scénarios n’a plus de probabilité que les autres de se
réaliser tel quel, mais tous contribuent à éclairer les « voies du
possible ».
Scénario N°1 :
Laminage du paysage traditionnel du sciage
: les scieries industrielles renforcent leur position stratégique
Economique atone. Faible
croissance. Chômage en dessus des 10 % de la population active. Crise
pétrolière qui contraint à de nouvelles pratiques quant aux économies
d’énergie. La « chasse au gaspillage » est présente dans tous les
esprits.
La revalorisation des
produits connexes afin d’alimenter les chaudières des séchoirs et des systèmes
de chauffage collectif est devenue une pratique courante. L’approvisionnement
des chaufferies collectives s’est structuré et des plates-formes de stockage,
maillant le territoire, servent de stock tampon à proximité des besoins. On
évite les longs déplacements, source de gaspillage énergétique, pour acheminer
les plaquettes de scierie ou forestières sur les sites de production de
chaleur. Les pouvoirs publics, après avoir encouragé par le subventionnement
l’installation de chaudières bois dans
les collectivités et chez le particulier, subventionnent à présent le broyage
forestier difficilement rentable pour les producteurs. La production de
plaquettes forestières assure de plus des centaines d’emplois dans le secteur
des entreprises de travaux forestiers qui trouvent là une diversification
horizontale stable et durable. La
contractualisation des approvisionnements s’est généralisée aussi bien dans le
domaine privé que public.
En matière de production de
sciage, les scieries en dix ans se sont encore concentrées. On ne trouve plus
que 1200 scieries éparpillées sur le
territoire. La production est de 14 Mm3.
Les importations dans le résineux ont baissé du fait
de la capacité qu’ont à présent les scieries industrielles à sécher le produit
et à le revaloriser. 1 Mm3 est cependant
encore importé.
La productivité a augmenté
en même temps que les processus de transformation se sont modifiés sur les
modèles nordiques, allemands et autrichiens. La masse salariale a chuté d’un
tiers.
Moins de 9 000 employés oeuvrent dans les scieries (1500 m3/an
et par salarié, 11 500 m3/an et par scierie). Si le recrutement
des commerciaux est facilité par une offre abondante, le recrutement du personnel de production est difficile à cause de l’image « usine » qui
colle aux scieries de type industriel. Le personnel qualifié est introuvable du
fait qu’il ne reste plus qu’en France deux centres de formation, un par
apprentissage et un autre en temps plein, qui forment moins de trente jeunes
par an sur toute
Le secteur industriel
récolte l’essentiel du marché du bâtiment et de l’emballage qui lui permet
d’écouler les qualités secondaires. A présent, ce sont 20 % des scieries qui
font 80 % de
Quelques grands groupes, un
par massif forestier, Landes, Massif central, Rhône-Alpes, Vosges-Alsace,
Bretagne-Normandie, se sont formés par fusion acquisition pour atteindre dans
le résineux une taille européenne qui situe l’offre de sciage à plus de 1 Mm3
de sciage par groupe. Ces groupes
sont capables de tenir tête aux majors européens. L’offre diversifiée
par les produits bruts mais aussi revalorisée, séchage, rabotage, collage, est
très présente dans la grande distribution. Les produits français sont appréciés
par la traçabilité qu’ils affichent, premier critère d’achat. La gestion durable a modifié les esprits.
La consommation du bois a
triplé (
Le marché de la construction
neuve et celui de la rénovation sont toujours aussi attractifs (taux bas des
prêts, mesures étatiques) pour les ménages qui désirent accéder à la propriété
dans le monde rural qu’il juge sécurisant. Pour ce marché, gros consommateur de
bois brut, les produits sont standardisés. Avec la raréfaction des
« scieries de pays », les habitudes des charpentiers ont évolué vers
l’utilisation de bois normés acquis auprès des négociants. Ces négociants ont
par ailleurs ont été obligés d’installer
leur propre scierie pour obtenir des produits spéciaux qu’ils ne
trouvent plus localement dans des scieries qu’ils ont contribué à faire
disparaître par des politiques de prix sans cesse tirés vers le bas.
Le négoce par son leadership
est le « passeur » de sciages des
grands groupes de sciage capables de pratiquer des prix bas sans mettre
en péril leurs entreprises qui
prospèrent sur des économies d’échelles possibles grâce à la massification des
productions. Le secteur industriel préférant se centrer sur la production
revalorisation de ses produits n’a pas été tenté de vendre lui-même, sauf pour
les produits dirigés vers l’industrie du bois : charpenterie industrielle
et traditionnelle, emballage, MOB, menuiserie.... Il préfère la collaboration
constructive avec le négoce et la grande surface du bricolage. La grande distribution a renforcé son offre au
bricoleur tant sur le service (conseil, mise en œuvre), la diversité des
produits que le prix bas. La part de dépense moyenne du bricoleur est passée de
600 €/an en 2004 à plus de 1100 €/an en 2016.
Le secteur artisanal de la
scierie a été effacé. Il ne reste plus que quelques scieurs fixes ou mobiles
atomisés sur le territoire qui subsistent sur le marché du sciage à façon, du
sciage sur-liste et de l’emballage. Ce secteur
n’a pas su moderniser son outil de production, ni valoriser une autre
image, celle passéiste du « petit scieur local » qui vivote sur
un marché local. Le secteur artisanal est la première victime de
l’industrialisation du secteur sciage. La vente directe n’a pas explosé et
reste le revenu d’appoint, «non déclaré» le plus souvent car réalisé en marge
de l’activité principale.
Le secteur semi-industriel a
évolué vers l’industrialisation en rejoignant les « gros du
secteurs » à qui ils apportent un savoir-faire particulier ou un produit,
ou encore une essence phare qui s’inscrit dans une niche profitable au groupe
entier. Le choix de s’allier au capital
d’un groupe puissant n’a pas fait l’ombre d’un doute à des dirigeants usés par
des années de lutte inégales lorsqu’ils étaient indépendants, seuls maîtres à
bord, mais tellement peu certains de perdurer ! Quelques groupements se
sont formés de types GIE pour valoriser une ressource locale et des produits
spécifiques qu’ils ont labellisé. L’offre est ainsi plus large et une activité
de vente directe est adjointe dans certains cas par le biais d’un négoce
indépendant et d’une petite surface du bricolage. Le groupement tient son rang
sur quelques têtes au charisme et à la force de travail affirmés mais, en
coulisse, a bien du mal à se développer face à la concurrence hégémonique des
grands groupes nationaux et étrangers. À moyen terme disparaîtra-t-il sous
les coups de boutoirs des concurrents ? Ou fusionnera-t-il au risque de perdre l’âme de petits producteurs associés
et passionnés ?
Ces deux derniers secteurs
ne profitent guère d’une population néorurale qui a quitté la ville à cause du
coût croissant du foncier et de l’immobilier. N’ayant pas su s’adapter à la
demande, ni aussi se faire connaître comme prestataires de services et peu
épaulées par le syndicat professionnel (FNB) et les organismes consulaires
(chambre de métier, de commerce, d’agriculture), les scieries artisanales et
semi-industrielles ont raté le rendez-vous de la vente directe par
l’aménagement de structure de vente individuelle ou collective sur site de
production ou sur les grands axes de communication. Cette clientèle, perdue
pour les scieries, s’approvisionne dans la grande distribution des villes et
revient à la campagne avec ses produits pour les mettre en oeuvre elle-même. Le
bricolage est devenu le loisir préféré des Français. De plus, il permet aux
ménages de réaliser des économies substantielles.
Les mises en chantier des
380 000 logements par an profitent surtout, depuis cinq ans, au logement
collectif. La tendance s’est inversée. 1/3 des logements sont faits dans le
secteur de la maison individuelle et 2/3 dans
l’habitat collectif. Le rattrapage de construction de logements sociaux
est vraiment enclenché et les volontés politiques appliquées. La crise des
banlieues de 2005 et
Dans le secteur privé si le nombre de
logements mis en chantier annuellement a diminué, il a gagné considérablement
sur les thèmes de la haute valeur environnementale et de l’économie d’énergie
(isolation avec produits d’origine agricole (chanvre) ou sylvicole (bois),
toits à tuiles photovoltaïques, eau chaude sanitaire solaire, systèmes de
récupération d’eau…).
Enseignements tirés du scénario N°1 : Laminage du paysage
traditionnel du sciage : les scieries
industrielles renforcent leur position stratégique La scierie nationale se concentre en
perdant 50 % de son effectif de 2006 et 40 % de son effectif salarial. La demande du bâtiment est forte en
direction de l’habitation collective. De fait, les produits normés, qui
répondent exactement aux exigences des DTU de la construction (un domaine qui
absorbe près de 70 % du volume de bois), trouvent un débouché de volume. La scierie industrielle s’est adaptée en se concentrant par fusion-acquisition en laissant le secteur artisanal sans souffle et sans
perspective de développement. Un développement qui a été complètement raté
pour le secteur artisanal, puisque la vente directe n’a pas été investie et
que le potentiel proposé par le marché des particuliers n’a pas été capté. C’est le « négoce de ville » qui, grâce à son leadership, s’est adapté aux
demandes des professionnels et des particuliers. Négoce et GSB
vulgarisent des produits et des
techniques de mise en œuvre innovants et pratiquent des prix bas grâce à la massification de
l’offre. La demande des
particuliers est moins vive en terme de volume (bien que les mises en
chantier des MOB aient doublé en 10 ans) mais très active en termes de qualité, de traçabilité (origine des
produits), de prix (prix plus
faible), de conseil (sur la mise
en œuvre, l’emploi des produits de traitement…), de produit écologique (isolation, construction) d’origine agricole et sylvicole. Les pouvoirs publics
et les partenaires institutionnels ont encouragé le pouvoir hégémonique des grands groupes et contribué à l’effacement
progressif des « affaires familiales » qui, lassées par la
concurrence acerbe, ont «jeté l’éponge», soit par cession d’activité ou dépôt de bilan. De ce
fait, le monde rural a perdu son tissu d’animateurs et se retrouve dans une
désertification qui pose problème quant à la revalorisation de la ressource
locale (petits lots, essences diverses) qui n’intéresse pas forcément les grands
groupes qui cherchent plutôt dans la ressource des approvisionnements
homogènes, des volumes et des tarifs bas. |
Scénario
N°2 :
Développement
local avant tout : Les scieries artisanales et semi-industrielles tirent
leur
épingle du jeu en marge du secteur
industriel
Le secteur des scieries s’est concentré mais
a perdu moins de scieries que dans la décennie 1994-2004. Seulement 600
scieries ont disparu en dix ans, alors que près de 1 000 ont disparu entre
1994 et 2004. Un volume de sciage de
près de 12 Mm3 est
proposé par les 1600 scieries qui
emploient une masse salariale de 11 000
salariés (moyenne de production : 1100 m3/salariés et
7 500 m3/scierie). L’offre de bois séchés est de 50 % du volume
mis sur le marché.
Petites et moyennes scieries
se sont donc maintenues, grâce en partie au soutien des pouvoirs publics et par
une adaptation aux nouvelles contraintes socio-économiques : ouverture à
la vente directe, groupement d’entreprises, travail en commun, modernisation
des outils de production… En résumé : des entreprises qui ont fait le
deuil d’un esprit individualiste pour s’ouvrir aux autres avec en perspective
la sauvegarde du métier et des emplois et il faut le dire aussi la sauvegarde
d’un capital familial acquis depuis plusieurs générations à force de travail.
Pour soutenir la vitalité
des territoires, le financement public favorise depuis les années 2008 le
développement des scieries artisanales et semi-industrielles tant par l’aide
financière à la modernisation des outils de production, qu’à l’animation des
réseaux de praticiens par le biais des interprofessions et qu’à la
revalorisation de la ressource locale. Les seuils d’attribution des aides ont
été totalement revus sur d’autres critères que ceux du volume sciage et de
l’industrialisation à tout crin. L’Etat veut
soutenir le développement local par la valeur ajoutée au territoire
qu’apporte l’activité du sciage (emploi direct et indirect, disponibilité et
proximité de la ressource, sauvegarde des savoir-faire, revalorisation d’un
produit local…).
Le Centre Technique du Bois
et de l’Ameublement épaule davantage les secteur artisanal et semi-industriel
en proposant aide et conseils au développement. Le subventionnement étatique et
européen l’encourage, il est vrai, à s’investir dans le tissu économique des
scieries. L’organe syndical s’est aussi recentré sur les secteurs artisanal et
semi-industriel afin de mieux le soutenir. Un collège « scierie
artisanale » et un collège « scierie industrielle » ont été mis en place à partir de 2008 pour
répondre avec plus de pertinence aux problématiques de chaque secteur.
L’Observatoire du métier de la scierie
et la FNB renforcent l’état de veille et oriente les choix de la profession.
Les chambres consulaires (métiers, commerce,
agriculture) sont partenaires des entreprises en apportant formation et conseil
sur tout ce qui touche au montage des dossiers de subventionnement, au
développement produit, à la commercialisation et à l’utilisation des nouveaux
outils de communication (Internet, Intranet). Des réseaux se sont créés. Ils
valorisent les savoir- faire tout autant que les produits phares des
entreprises sur l’ensemble du territoire. Les scieries locales sont enfin
rattachées au modèle agricole et profitent des synergies du monde rural
(artisanat, commerce, agriculture, service, loisirs…). Les partenaires
institutionnels sont véritablement associés dans des contrats d’objectifs et de
progrès avec les entreprises. C’est du « donnant-donnant ». Les entrepreneurs
doivent accepter de collaborer dans des projets mutualisant des moyens
financiers et humains.
La scierie artisanale est
devenue un lieu où se vendent des produits (sciage, panneaux, parquet,
lambris…) mais aussi des conseils avisés de spécialistes du bois. En marge du
hall de sciage (visible mais volontairement non accessible à cause de la
dangerosité), elle vend en direct dans
des locaux conviviaux, propres et sécurisés. Des locaux où l’on montre « les
visages du bois » mis en scène (parquets assemblés, partie de charpente,
bardage positionné, paroi de maison ossature bois…) mais aussi des produits de
traitement, de la quincaillerie, des outils. L’accueil des particuliers, dont
la part du chiffre d’affaires déclaré représente 50 %, est systématisé à partir du vendredi matin
jusqu’au samedi midi afin de pas interrompre la production les autres jours de
Avec l’installation des
néoruraux à la campagne, le temps libre généré par la réduction du temps de
travail et des rémunérations plafonnées par une faible croissance, beaucoup se
trouvent une âme de bricoleur. Extension de l’habitat, rénovation et
réhabilitation de l’habitat ancien qui est plus attractif que le neuf,
aménagement d’espace de loisirs, sont autant de débouchés pour le bois local.
On compte 450 000 mises
en chantier (50 % le sont dans l’habitat collectif et 50 % dans l’habitat
collectif)
Le secteur semi-industriel
du sciage lui aussi encouragé par les pouvoirs publics, pour les mêmes raisons
que le secteur artisanal, a appris à mutualiser ses outils de production
(surtout les séchoirs, les centres de taille à commandes numériques, les
stations de traitement, le matériel de transport…) ses savoir-faire, ses
services et ses salariés (commerciaux, affûteur-mécanicien…). Un produit phare
(essence ou produit fini) peut être l’élément commercial qui porte la renommée
d’une région mais aussi du groupement.
Les scieries semi-industrielles transforment la ressource locale feuillue ou
résineuse. Une ressource locale très convoitée aussi par le secteur industriel,
même très éloignée, qui, pour alimenter son industrie, « met le
prix » sur des lots que ne peut pas s’offrir la scierie locale pourtant à
proximité. Un paroxysme qui exacerbe les passions et suscite toujours des conflits
entre « les gros et les petits ». De plus, la contractualisation couramment employée entre industriels et coopératives (qui se sont encore concentrées)
et ONF laisse penser aux scieurs du secteur semi-industriel qu’ils subissent
une concurrence déloyale.
Des systèmes coopératifs se
sont développés pour unir les forces devant les difficultés à lutter seul
contre la concurrence des grands groupes. Les groupements, copiés au monde
agricole, mettent en avant des productions régionales tracées et labellisées de
type AOC. Cette démarche appréciée et reconnue permet de se démarquer de la
grande distribution qui offre dans ses rayons des produits, certes tracés, mais venant aussi bien des pays nordiques,
que d’Allemagne, d’Autriche ou d’autres régions de France.
Les groupements
d’entreprises, de préférence d’une même région pour faciliter la logistique,
mutualisent les achats de matière première et se répartissent les lots selon
les spécificités des entreprises : gros bois, petits bois, essences… Des
plates-formes de stockage, côtoyant celles de
broyage, ont été créées de manière à billonner au plus près de la
ressource pour ensuite acheminer les qualités correspondantes aux scieries du
groupement. Le partenariat avec les coopératives forestières ou exploitants
forestiers n’est pas exclu mais au contraire renforcé dans l’idée de
rentabiliser au maximum les outils de découpe.
La vente est assurée sur
place mais aussi dans des négoces, sous marque du groupement, ou encore
chapeautée par une marque de la grande distribution afin de bénéficier des
avantages des centrales d’achat pour d’autres produits que ceux de
A la production, le
personnel qualifié est plus présent et mieux rémunéré. Les campagnes de
promotion des métiers lancées (collaboration entre la FNB, le ministère de
l’Education nationale et les centres de formation) dans les années 2007 ont
porté leur fruit. Plus de jeunes ont rejoint les centres de formation initiale
qui ont pu subsister et retrouver un second souffle, tout en s’adaptant à
l’évolution des scieries (sciage, classement, séchage, revalorisation,
maintenance). Les formations à la gestion des petites et moyennes entreprises
qui adjoignent la formation commerciale (BTS, Licence professionnelle) sont
présentes et permettent aux futurs chef d’entreprises d’être mieux armés pour
affronter
Le secteur industriel s’est
concentré par fusion-acquisition ou association de type groupement. Son outil de production s’est
standardisé dans le résineux, chaque fois que cela était possible, sur le
modèle nordique : canters en ligne plus chaîne de tri (avec triage
mécanique intégré) plus traitement et séchage intégrés. On passe du bois
calibré et de faible diamètre, mais on a conservé des lignes de sciages
traditionnelles pour les gros bois et les feuillus. La scierie industrielle
revalorise les sciages et cherche à proposer du produit fini prêt à l’emploi
chaque fois que cela est possible. Des lignes de production de BMR fonctionnent
dans plusieurs groupes. L’écoulement des produits se fait par le biais de la
grande distribution et l’industrie du bois où les produits français sont aussi
bien placés que les bois d’importation car normés, tracés et à prix égal du
fait d’une production massifiée qui a gagné des points sur les économies
d’échelle.
Enseignements
tirés du scénario N° 2 :
Développement local avant tout : Les scieries artisanales et
semi-industrielles tirent leur épingle du jeu en marge du secteur industriel La scierie française se
maintient bien et augmente sa productivité par l’adaptation de son outil de
production qui se standardise et s’automatise totalement. Le secteur industriel a intégré le
classement mécanique des sciages destinés à la structure et le séchage accéléré lorsqu’il est préconisé
par les DTU. Les secteurs artisanal et
semi-industriel participent également à cette évolution par l’intérêt que
leur portent les pouvoirs publics français et européen, le syndicat
professionnel, les interprofessions et les chambres consulaires. L’aide au
développement est devenue une priorité pour soutenir le maintien de l’emploi et la valorisation de la ressource
locale. Alors que le secteur industriel
déverse ses produits vers l’industrie
et la grande distribution, les
secteurs artisanal et semi-industriel, eux, s’investissent dans la vente directe de proximité et le négoce en groupant l’offre en
direction des professionnels et des particuliers du secteur urbain. Des contrats de progrès et d’objectifs sont signés avec les
partenaires (pouvoirs publics, interprofessions, chambres consulaires…) qui
financent et encouragent le développement : mutualisation d’outils de
production, partage de savoir-faire… |
Scénario N°3 :
Les
fusions-acquisitions ont cassé le caractère familial des scieries qui perdure
cependant
dans l’artisanat. Explosion du secteur
semi-industriel
Les
fusions-acquisitions dans le secteur industriel ont laminé le paysage français
des scieries. Les entreprises
performantes et prospères rachètent non pas un équipement de production mais une clientèle et surtout une
capacité d’achat de bois.
Il
reste moins de 1 000 scieries qui
produisent près de 14 Mm3
avec une masse salariale de moins de 8 000
salariés. La productivité a fait un bon considérable. Un salarié produit
près de 1 800 m3/an et une scierie 14 000 m3/an. On
est loin des moyennes de 2004 et des 700 m3/an et par salarié et des
4 500 m3/an et par scierie (tout en sachant que trois groupes
se partagent plus de 9 Mm3 produits en France).
Il
ne reste dans le paysage des scieries françaises que, d’un côté les industriels, soit 30 % réalisant 85 % du
volume, et de l’autre les artisans qui ont perduré sur le marché local du sur-mesure. Quelques
scieries de type semi-industriel, qui n’ont pas franchi le cap de
l’industrialisation en s’alliant ou en étant absorbées par un groupe, survivent
sur des niches bien précises. La représentation syndicale (FNB) n’est plus
qu’un club de scieurs, quelques centaines de membres, d’origine industrielle.
Les artisans ont rejoint le syndicat des entrepreneurs du territoire où sont
mieux représentés leurs problématiques et leurs intérêts. Un seul centre de
formation au métier de la scierie subsiste en France. La formation continue est
assurée par quelques prestataires. La formation des cadres commerciaux est
soutenue.
Les
grands groupes, qui se sont formés à la suite de l’apport de capitaux, ont
souvent changé de main. Les entreprises
ont perdu leur caractère familial. Des majors européens du sciage, aussi bien
dans le feuillu que dans le résineux, se sont « emparés »
d’entreprises à partir de 2010, à l’occasion de la récession économique qui a
duré jusqu’en 2013. Les grands groupes nordiques (Finlandais, Suédois) après la
reprise ou le développement d’entreprise de sciage en Autriche, Allemagne,
Tchéquie, Hongrie dans les années 2000, reproduisent le même schéma en France.
La
crise énergétique perdure. On cherche par tous les moyens à baisser les coûts
de transport qui sont devenus la principale préoccupation des producteurs.
Alors qu’il y’a une dizaine d’années, les
grands groupes cherchaient à s’implanter dans les pays de l’Est pour bénéficier
des coûts faibles de la main d’ouvre, ils se sont recentrés sur l’Europe de
l’Ouest qui, grâce à une mondialisation mieux régulée, a enfin trouvé ses
marques dans une concurrence mondialisée. De plus, bénéficiant de
« l’élargissement positif » de l’Europe, le niveau de vie s’étant
élevé dans les pays de l’Est, il est moins intéressant de s’y installer, sans
parler du niveau technique des outils de production qui n’ont pas suivi ceux de
l’Europe de l’Ouest qui depuis dix ans a
réduit ses coûts de production. Les économies d’échelle réalisées par la
massification de l’offre, qui a intégré de façon industrielle le débit, le
classement et le séchage, rendent enfin les produits nationaux compétitifs. Un
niveau de prix que ne peuvent plus tenir les bois d’importation à cause de la
cherté des transports toujours en prise avec les fluctuations du carburant.
La
reconnaissance écologique de l’emploi du bois dans la construction, loi sur
l’air appliquée depuis
L’intérêt
des groupes est de profiter des essences phares, reconnues et labellisées sous
des appellations de type AOC, poussant dans chaque grande région française
(douglas du Massif central, épicéa des alpes, sapin dans l’Est, chêne du
Centre, hêtre dans l’Est, pin dans le Sud-Ouest…).
Au
bout du compte, potentiel de la ressource et nouvelles pratiques liées à
l’utilisation du bois ont motivé l’apport de capitaux des grands groupes étrangers, tout en
profitant aussi des savoir-faire et de « la religion de l’économie »
propres aux scieries françaises.
La position stratégique de la France quant aux
possibilités d’exportation mais aussi pour l’économie d’énergie réalisée grâce
à la proximité des centres de transformation a été au cœur des enjeux de
Inde
et Chine au cœur d’une expansion économique et sociale sans précédent, sont
d’importants consommateurs de bois de construction. Les pays nordiques et la
Russie sont les principaux fournisseurs de l’Inde et de la Chine et freinent
leurs exportations en direction de l’Europe de l’Ouest et du Maghreb.
L’approvisionnement,
source de problème dix années plus tôt, s’est ouvert par la demande des groupes
à une contractualisation systématique, tant sur les volumes, les essences que
sur les qualités. Les vendeurs et mobilisateurs se sont habitués à ces
pratiques qui ont enterré définitivement les ventes au rabais ou par
soumission. Une révolution ! Des prix de marché sont fixés selon la
fluctuation des cours. Dorénavant et même dans le secteur artisanal, les
producteurs ne « courent plus les bois » pour estimer des qualités,
des volumes et des prix.
Les
coopératives, qui se sont encore concentrées, une par grand massif
forestier, ont montré le chemin d’une commercialisation
moderne qui satisfait complètement les donneurs d’ordre de la première
transformation. La contractualisation a obligé ces derniers à pratiquer un
prélèvement plus adapté à la demande, à créer des plates-formes de billonnage à
côté des plates-formes de broyage pour le bois énergie, à ventiler les produits
billonnés sur les sites de transformation. L’ONF, sous la pression du milieu, a
réécrit ses procédures de vente, réclamées depuis plus de vingt ans, et les a mises en place en pratiquant les
méthodes commerciales du secteur privé. Des alliances avec les coopératives
permettent d’optimiser des matériels de mobilisation (exploitation forestière,
logistique). Les coopératives qui se sont aussi investies dans le domaine du
sciage à partir des années 2000 se sont servies de leur « expérience de
scieur » pour faire évoluer les pratiques de mobilisation et de
commercialisation des produits d’origine forestière. Le fait de pratiquer le
métier de l’intérieur leur a fait prendre conscience de ce qu’il convenait de
proposer aux producteurs de sciage : homogénéisation de l’offre tant en
qualité qu’en caractéristiques dimensionnelles, réactivité, proximité…
Le
secteur forestier est enfin en capacité d’abattre mécaniquement 90 % des 75 Mm3
de prélèvement annuel. L’amont de la scierie s’est donc complètement
transformé en modernisant totalement ses
pratiques et sa production. Les exploitants forestiers se sont aussi concentrés
et regroupés à l’image des coopératives forestières.
Dans
ce contexte de massification, les scieries artisanales, soutenues par les
pouvoirs publiques, sont les « passeurs » de petits lots de bois de
proximité qui n’intéressent pas le secteur industriel. Elles sont aussi très
appréciées pour le sciage à façon qu’elles seules peuvent réaliser.
Dans
ce contexte nouveau, qui a fait un bon de géant en dix ans, les transformateurs
centrés uniquement sur leur métier de scieur, se portent alors totalement sur
l’aval et les besoins du marché. Le lien passionnel entretenu avec la matière
par des générations de scieurs est rompu. Fini le temps où l’on « faisait
des coups » à l’achat sur l’acquisition de volume de bois…
A
présent, on ne parle que de traçabilité totale. Tout est certifié, normé, donc
sécurisé au maximum. Les produits standards s’imposent automatiquement aux
utilisateurs. Pour trouver du hors normes, il faut aller dans les
scieries artisanales qui, du coup « vivent mieux » et
peuvent développer leur outil de
production et leurs services (revalorisation, conseil, vente directe…).
L’installation
des néoruraux à la campagne favorise depuis dix ans la vente directe dans les
scieries artisanales mais aussi la multiplication des conflits de voisinage à
cause de la pollution visuelle et sonore, véritable problème, surtout si la
scierie est à proximité des villes et villages. En effet, le broyage mécanisé,
qui s’est systématisé aussi bien au sein des scieries que sur les
plates-formes, a accentué les nuisances sonores que le voisinage rejette
massivement.
Les
lotissements, qui ont poussé autour des zones d’activités industrielles et
artisanales, créées dans les années 1980, provoquent des conflits qui se
judiciarisent en mettant en péril à moyen terme la pérennisation des
entreprises. Une problématique que les communes
ont du mal à appréhender et à gérer tant elles sont partagées entre la
vitalité qu’apporte une population nouvelle et le maintien d’une activité
artisanale ou industrielle traditionnellement implantée dans le monde
rural et forestier !
Enseignements tirés du scénario N°
3 : Les fusions acquisitions ont cassé le
caractère familial des scieries qui perdure cependant dans l’artisanat. Explosion du secteur
semi-industriel Le secteur de la scierie s’est
industrialisé totalement grâce aux fusions-acquisitions de grands groupes
européens qui ont apporté expérience et capitaux. Le potentiel de la ressource (feuillus et résineux), la technicité, la proximité avec les pays d’exportation du Sud de l’Europe et du
Maghreb, le coût des transports
fait que l’on vient s’installer en France. Ce recentrage se fait aussi par
l’attrait du bois indigène feuillu provoqué par le quasi-arrêt des importations de bois exotiques. De plus, la sécurisation des approvisionnements contractualisés a attiré les
investisseurs qui ont vu dans ce changement de pratique professionnelle le
moyen de s’investir complètement sur l’aval, c'est-à-dire dans la
revalorisation des produits. L’industrialisation permet
d’augmenter la production mais aussi la productivité par scierie, et par
salarié. Grâce à cela, les économies d’échelle permettent d’être compétitifs avec des produits
correspondant aux standards de la construction : qualité, siccité,
traçabilité… La reconnaissance écologique du bois
et la loi sur l’air font consommer
davantage de bois. 14 Mm3 de sciage sont produits et 1 Mm3
exporté, preuve que le produit
français est recherché. En parallèle des 300 entreprises industrielles (30 %), le secteur artisanal et ses 700
entreprises (70 %) se sont bien restructurés grâce en partie au soutien des
pouvoirs publics qui veulent maintenir
la scierie locale. Cette scierie locale bénéficie de la clientèle des
néoruraux (vente directe) mais doit supporter les conflits (liés à la
pollution sonore et visuelle) avec les
nouveaux arrivants installés trop près des scieries. |
4-Validation des
scénarios
L’Observatoire
du métier de la scierie s’est appuyé sur un groupe d’acteurs professionnels,
adhérents ou non à l’association,
représentant la scierie et les intervenants pour construire, amender, compléter ou recadrer l’étude prospective : La scierie française à
l’horizon 2016.
Que
soient remercier pour :
-
le secteur première transformation :
scierie Bacot, scierie Vadot, scierie et négoce l Junet Bois, scierie Haldric (Eurodouglas), scierie Barronnier (Palettes du Lyonnais),
scierie Buisson, scierie Poncin, scierie Giorgis, scierie Friederich, scierie Berthillot, scierie mobile Lescure, scierie Raffin, Christian Senegas et
Michel Pompidou (Manufacture Forézienne de Lame de Scie), Gérard Blondeau
(Rabotec), scierie Vuiton, scierie Rennesson, scierie Beal, scierie mobile
Assier, Scierie Dupont, Jean-Paul Galland (GF services),
-
le secteur exploitation forestière :
-
le secteur administratif et interprofessionnel : René Joennoz
(DRAF Rhône Alpes), Benoit De Soultrait (COVALFOR)
-
le secteur formation :
Les acteurs professionnels, accueillis le 1er
avril 2006 par l’entreprise Junet bois, située à Saint Romain de Popey
dans le Rhône, ont apporté les compléments suivants :
-Sur les scénarios :
-
Les scénarios n°1 et n°3 semblent plus que réalistes. Même si les acteurs
l’espèrent encore, personne ne croit guère au « réveil des
institutions » décrit dans le scénario n°2 et qui pourrait doper les PME
qui revalorisent au plus près la ressource locale. Beaucoup pensent, en effet,
qu’il est plus facile de soutenir le développement (subventions) d’une grosse
scierie de type industriel que dix
entités artisanales. Les exemples du passé sont là pour le prouver et
bon nombre d’entreprises largement aidées par les pouvoirs publics n’existent
plus aujourd’hui ou alors ont « changé de mains » …
-
A la lecture des scénarios et bien que ce ne soit absolument pas l’objectif
initial de l’étude, on est tenté de procéder à une classification
chronologique. En effet, le scénario n°2 trouverait un écho dans la situation
actuelle, le scénario n° 1 dans une situation à cinq ans et le scénario n°3
dans une situation à dix ans. Cette
analyse confirmerait l’hypothèse d’une
concentration inéluctable du milieu en favorisant le secteur industriel.
-
En résumé, dans chaque scénario et malgré la complexité du milieu étudié, il y
a des points fondamentaux qui ressortent
et qui crédibilisent l’étude mais il y a beaucoup de variables (économiques,
sociales, politiques, stratégie européenne…) que l’on ne maîtrise pas. De plus,
dans une filière comme celle du bois et de la forêt, forgée par l’histoire et
la géographie, il y a en France autant de situations territoriales que de
grands massifs forestiers et de bassins économiques.
-
Sur
l’approche du marché :
-
Le bois a « le vent en poupe ». Porté par le courant
« environnementaliste – écologie »,
ce n’est plus seulement une appréciation d’analyste mais bel et bien une
réalité de terrain. Difficile de dire si
la courbe exponentielle (barre des 400 000 mises en chantier annuelle) se
maintiendra dans le secteur du bâtiment (un marché de volume pour le bois dans
la construction) ? Difficile de dire aussi si l’offre dans le secteur de
la MOB évoluera vers plus de technicité, plus de volume et si les partenaires de son évolution (les
producteurs de sciage) seront au rendez-vous fixé aujourd’hui (demande de
bois tracés, normés, séchés, rabotés, traités, collés) ? Il faudra suivre
également l’adaptabilité (conseil, accueil, services) de la scierie à la vente
directe pour capter les particuliers et les professionnels. Des particuliers
qui viennent avec une idée et qui doivent repartir avec un concept bois et des
professionnels qui viennent avec un cahier des charges bien précis auquel il
faut répondre avec précision.
-
Sur
les moyens de production :
-
Les problématiques liées aux difficultés de recrutement sont déjà prégnantes ! Les écoles de
scierie ne font pas le plein et certaines sont même menacées de fermeture. Cela
ne pourra être que pire dans dix ans ? De ce fait, on se tournera de plus en
plus vers la machine que vers l’homme ! Bien que les investissements
soient énormes, on n’aura guère le choix… L’industrialisation de l’outil de
production se fera chaque fois que cela sera possible. L’idée de la
mutualisation des outils de production est bonne mais difficile à mettre en
place du fait de l’éloignement des entreprises entre elles et de la peur de la
majorité des entrepreneurs de scierie de perdre des clients! Chacun d’eux
veille à la survie de son entreprise. Il faut mieux perler de complémentarité,
d’échange de savoir-faire. Il semblerait aussi plus facile à mettre en œuvre
dans l’échange d’un « emploi partagé », comme par exemple un
affûteur, un commis de coupe, un commercial…
-
Sur
l’approvisionnement :
-
Face à la difficulté qu’à l’entrepreneur d’approvisionner aujourd’hui sa
scierie, la contractualisation (sur un volume, une qualité et un prix) semble
le moyen le plus évolutif pour pouvoir
enfin « se dégager du temps » aussi bien dans l’entreprise industrielle qu’artisanale. Une
pratique déjà largement employée à l’étranger qui permet de recentrer
l’activité de transformation sur la mise en adéquation des besoins de la
clientèle et des moyens de production de
-
Sur
la revalorisation des déchets :
-
Le « déchet » de scierie (sciure, plaquette) devient un produit noble
grâce à la revalorisation de la filière bois énergie. Cette filière devrait
« faire avancer » le matériau bois et donner des orientations
différentes à l’ensemble du secteur, de l’amont à l’aval. L’envol, il est vrai
très largement subventionné, est pris aussi bien dans le domaine privé que
public. Avec la crise énergétique, le mouvement ne devrait que s’accentuer dans
les années à venir.
- Sur
la place des scieries dans le monde rural :
-
Les problèmes liés aux nuisances sonores sont confirmés et semblent
s’accentuer. Qu’en sera-t-il dans dix ans ? Les populations nouvelles
n’acceptent plus les contraintes de production engendrant le bruit soit par les
moyens de production eux-mêmes (broyeur par exemple), soit par les moyens de
logistiques qui les accompagnent (camions acheminant les grumes et enlevant les
sciages et les produits connexes). Les extensions d’entreprises sont freinées
par la délivrance de plus en plus contraignante de permis de construire. Dans
ces conditions, comment se développer tant au point de vue des moyens de
production qu’au point de vue de la vente des produits ? Une équation
qu’il faudra pourtant bien régler si l’on veut maintenir les scieries dans le
monde rural !
5- Recommandations/stratégies d’avenir de
la scierie française d’après les conclusions de l’étude prospective
En
fonction des analyses et des scénarios précédents, des voies semblent se
dessiner :
1 : Concentration et centration sur un métier : scier du
bois mais aussi apporter de la plus-value au matériau
C Concentration des
entreprises de sciage
C Centration sur la pratique
du métier : celui de transformer des grumes en sciages bruts et/ou
revalorisés.