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*** Le 28 août 2004 a eu lieu à Grandris (69) la cérémonie dédiée à la mémoire des bûcherons décédés à la suite de la tempête de 1999, Inauguration organisée par Maurice Chalayer qui est le président fondateur de l'Observatoire du métier de la scierie et du club des scieurs développeurs et de leurs partenaires.***

 

Visionnez les images en cliquant sur le mémorial: http://www.adrien-sculpteur.fr/
et faites lecture de "l'Actes du Congrès",chapitre Ateliers, chapitre Conclusion, témoignage de René Joennoz, hommage aux victimes, chapitre Altabois.

ACTES du Congrès national des Scieurs Développeurs et
de leurs partenaires

Samedi 28 août 2004 Auberge de La Voisinée – Lac de Cublize – Rhône

Quel avenir pour la scierie française ?

 

Le congrès des scieurs développeurs et de leurs partenaires a été organisé par l’Observatoire du métier de la scierie et a privilégié les témoignages d’expériences.
Mêlant débats d’idées et convivialité, cette rencontre a permis d’échanger le vécu des scieurs et de leurs partenaires que sont les propriétaires forestiers, les exploitants, les ETF, les fabricants de matériel, les développeurs de la filière…
L’inauguration de la stèle mémorial aux victimes des chablis de 99 a rendu hommage aux travailleurs de la forêt.

Maurice CHALAYER
Président de l’association

« Il vaut mieux agir avec la complémentarité des talents qu’avec
l’addition des compétences » Daniel HERRERO

Samedi 28 août 2004
ACCUEIL A PARTIR DE 8 h 15

9 h 00 – 10 h
« La scierie française de l’artisanat à l’industrie, deux logiques différentes mais complémentaires » par Maurice Chalayer

10 h 15 – 11 h 45
1er Atelier : Place des scieries sur le territoire

1 : Quel avenir pour les acteurs et leur savoir-faire ?
2 : Quel avenir pour la ressource forestière ?
3 : Comment pérenniser les entreprises dans le flou actuel ?
4 : Quels impacts sur les entreprises ont la certification, le futur marquage CE ?

11 h 45 – 12 h 45
Restitution des travaux

DEJEUNER BUFFET

14 h – 15 h 30
2ème Atelier : Mutualisation des compétences et des outils

1 : Peut-on envisager des partenariats durables ?
2 : Peut-on prendre en main collectivement la vente des sciages en structurant l’offre et l’image ?
3 : Comment mettre en adéquation la 1ère et la 2ème transformation pour mieux servir le client ?
4 : Comment former et recruter les compétences ?

15 h 30 – 16 h 30
Restitution des travaux et Clôture du congrès

17 h Départ pour Grandris

18 h 00
Inauguration stèle mémorial des bûcherons à Grandris

20 h 30 DINER DE CLOTURE Auberge La voisinée RONNO 69



1er Congrès national du club des scieurs développeurs
et de leurs partenaires à Cublize

Face à un tournant économique délicat, la scierie française doit
changer son image pour conquérir de nouveaux clients et
surtout attirer les jeunes vers le métier

Cristalliser des expériences, le rôle de l’Observatoire du métier de la scierie

C’est le samedi 28 août, sur les rives du Lac des Sapins à Ronno dans le Beaujolais, que s’est ouvert le premier Congrès national du club des scieurs développeurs et de leurs partenaires. Quelque cinquante congressistes venus des Vosges, du Jura, de la Saône et Loire, de la Savoie, de l’Isère, du Tarn, de la Drôme, de l’Ain, de la Loire, du Rhône et accompagnés pour six d’entre eux de leur épouse, ont "planché" toute la journée sur le thème central : "Quel avenir pour la scierie française ?", autour de huit ateliers organisés.
Organisée par l’Observatoire du métier de la scierie, mêlant débats d’idées et convivialité, cette rencontre a permis d’échanger et surtout de croiser le vécu des scieurs et de leurs partenaires : propriétaires forestiers, exploitants, fabricants de matériels, commerciaux, formateurs, consultants, médecin du travail, représentant de la Cram, fabricant de maison bois, négociants, élus… Pierre Lambert, professeur de sciences économiques et sociales et animateur de cette réunion, était là pour jouer les candides et « faire parler les gens du bois » …
Lors de son discours d’ouverture, le président fondateur de l’Observatoire du métier de la scierie, Maurice Chalayer, a rappelé que l’Observatoire, lancé en 2003, est un espace de discussion et non un syndicat professionnel comme certains auraient pu le croire. L’objectif est de cristalliser des expériences, croiser des points de vue, écouter les préoccupations de chacun et faire remonter des problèmes partagés par le collectif, comme par exemple celui de la formation au métier scierie en déclin.
Le président a conclu son intervention sur des mots imagés « Notre observatoire indépendant, lieu d’expertise et de concertation sociale, met en avant l’idée que nous devons "repenser le métier" en partant des hommes et de leurs problématiques pour faciliter la reconnaissance des scieries sur leur territoire auprès des partenaires que sont les fournisseurs, les financeurs, les élus, les administrations et les développeurs territoriaux… Suivre l’évolution du métier de la première transformation du bois reste l’angle d’attaque qui active ce premier congrès. Et on connaît tous l’importance du bon choix de cet angle en matière d’optimisation du sciage ! Nous devons être ce maillon qui manque en France et qui permet de donner un éclairage distancié sur une profession : la scierie. Médias, consultants, développeurs de la filière n’hésitent d’ailleurs pas à nous solliciter et ils ont raison »

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L’Observatoire du métier de la scierie et son club de scieurs


Entre artisanat et industrie, deux voies se profilent


Le Président a dressé d’après ses travaux universitaires un état des lieux d’une profession comptant 2500 entreprises et employant quelque 17 000 salariés pour une production de 10 millions de m3. Typologie, marchés, situation européenne, pôles d’excellence, types de directions, profil des scieurs et enfin vision stratégique pour chaque type d’entreprise ont été traités. Problématiques, pressions et enjeux ont été développés pour tenter de mieux appréhender l’avenir. Selon le conférencier, deux voies semblent se dessiner : celle de l’artisanat par la revalorisation des produits, le conseil (qu’il faut faire payer mieux), la vente directe, le service, la proximité et l’animation du territoire, celle industrielle par la massification de l’offre, la normalisation, la linéarisation (bois en barre), l’homogénéisation et la vente en dépôt pour une reprise en main d’une partie des ventes trop facilement laissées aux "marchands professionnels".
Le constat du "véritable décrochage " de la scierie française qui apparaît en matière de production par rapport à celle de ses principaux concurrents européens, Suédois, Allemands, Finlandais, Autrichiens, interpelle ! Problème récurrent ou au contraire opportunité à saisir ? En effet, l’émergence d’une concurrence à moindre coût, la baisse du prix du sciage (un produit qui s’est massifié) rendent les produits de seconde transformation de plus en plus attractifs. Va-t-on assister à un redéploiement massif de l’activité vers la valorisation et vers le négoce ? L’avenir nous le dira. En tout cas, a souligné Maurice Chalayer « beaucoup regardent déjà vers l’aval de la scierie en pensant produire moins mais en vendant mieux des produits et des services rares, par exemple le conseil au client que des décennies de "tout production" a galvaudé ».
Du point de vue socioprofessionnel, on constate une transformation radicale du métier avec l’augmentation des compétences requises. La compétence technique ne suffit plus. Aujourd’hui la volonté de conserver une tradition familiale de convivialité, de proximité, de contact est en but à la nécessité d’innovation et d’adaptation au monde.
Des problématiques fortes émergent : maintien des scieries dans le milieu rural, regroupement d’entreprises, formation du personnel et recrutement, concurrence européenne et internationale, démarche qualité. « C’est de la capacité à répondre à ces questionnements que dépend l’avenir de vos entreprises de scieries » a conclu Pierre Lambert, l’animateur, en ajoutant « Vous êtes à un tournant comme tous les autres secteurs de l’économie. Ni plus, ni moins »

Les scieurs confrontés à la concurrence et aux difficultés de recrutement

La lecture de la première enquête de l’Observatoire a permis de mettre à jour les inquiétudes liées à la concurrence et au manque de visibilité quant à l’avenir de la charpente sur liste (normes, produits standards, bois massif reconstitué). Le recrutement reste le souci majeur et ce quelle que soit la région. Bien que la charge de travail reste énorme pour des chefs d’entreprise devant agir sur tous les fronts, ces hommes ont conscience que leurs affaires sont réactives et capables de s’adapter malgré des outils de production trop figés et surtout trop chers. Le fait aussi d’être dans des régions en essor est porteur d’activité mais aussi de désagrément présent ou futur au sujet du bruit pour le voisinage. Venant corroborer les conclusions précédentes, le panel enquêté semble lui aussi lorgner très largement vers l’aval de la scierie puisque des projets de 2ème transformation et de séchage semblent prêts à s’enclencher…


PERSPECTIVES D’AVENIR selon enquête scieurs Observatoire métier de la scierie 2004

FAIBLESSES FORCES ATOUTS CONTRAINTES MENACES INQUIETUDES
Situation géographique
Niveau technique
Productivité
Recrutement M.O

Réactivité


Connaissances
Matériau bois

Adaptabilité

Méthode de travail
Savoir–faire
Culture de métier
Spécificité par l’essence ou type de revalorisation
Région en essor

Charge lourde en temps de travail

Diversification (éparpillement)

Investissements lourds (outils de travail)

Concurrence
Manque de visibilité
Sur la charpente liste (normes, standard, importation, bois massif reconstitué…)
Normalisation
Concurrence
Recrutement du personnel
Travail non récompensé à la hauteur de l’investissement (temps-travail)
PROJET : Groupement, investissements matériels, 2ème transformation (produit fini), séchage…

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Des espaces de discussion ouverts entre scieurs et partenaires

Divisés en huit ateliers, les participants ont réfléchi sur les deux thèmes principaux : « Place des scieries sur le territoire » et « Mutualisation des compétences et des outils ».

Un atelier en plein débat entre
scieurs et leurs partenaires
La mise en commun devant le groupe
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1er atelier : Quel avenir pour les acteurs et leur savoir-faire?
Participants : Odile Riquet, médecin du travail, François Rennesson, scieur, Alain Dulac, traitement du bois, Michel Junet, scieur et négociant, Jean Paul Giorgis et son épouse, scieur mobile, Christophe Recorbet, exploitant forestier, Patrick Bourgeois, professeur scierie, Michel Pompidou, intervenant affûtage

Il ressort que, face à l’avenir flou, il est difficile de rester serein tous les jours. Il faudrait rechercher de nouveaux marchés mais cette démarche s’avère difficile lorsque l’on est un entrepreneur pressé et stressé par la gestion quotidienne de son affaire. Le problème de la transmission d’entreprises (fiscalité) en même temps que les charges trop élevées a été soulevé ainsi que la mise aux normes du matériel. Le pivot de la scierie reste le facteur humain mais aussi le facteur économique. Pour fidéliser les salariés et éviter le turnover, il faudrait arriver à davantage les libérer pour qu’ils se forment (classement, maintenance, sciage, affûtage). Le coût élevé du travail est un handicap face à la concurrence étrangère.

2ème atelier : Quel avenir pour la ressource forestière ?
Participants : Christian Bellaton et son épouse, scieur, Etienne Lescure et son épouse, scieur mobile, Claude Raffin, scieur, Patrick Gallin, commis de coupe, Lionel Amin, formateur forestier, André Souvignet, exploitant forestier.

Le poids de l’histoire pèse sur une forêt trop morcellée.
Les intérêts sont loin d’être communs entre l’utilisateur de la ressource (le scieur) et le propriétaire. Tous le déplorent car cela va à l’encontre d’une logique de complémentarité et surtout d’efficacité. On subit une concurrence des "produits de l’Est" et on se demande ce que l’on fera du bois blanc résineux demain ! Faut-il relancer un autre bois que le Douglas avec, par exemple, l’acacia, le frêne ? Promouvoir le matériau bois est de plus en plus nécéssaire. Tous ne sont pas convaincus pour l’instant de l’écocertification bien qu’ils ne rejettent pas l’idée de la gestion durable de la ressource. Faut-il aller vers des A.O.C (comme en Chartreuse ou dans le Jura suisse) qui labellisent un produit régional pour mieux le vendre, par exemple, le douglas du Beaujolais, l’épicéa de Savoie ou encore le chêne de Tronçais ?

3ème atelier : Comment pérenniser les entreprises dans le flou actuel ?
Participants : Régis Buisson, scieur, Claude Chatard, scieur, Michel Dupuis, entrepreneur de travaux forestiers, Philippe Poncin et son épouse , scieur, Bernard Lambert, professeur affûtage, Jean Paul Galland, fournisseur matériel scierie, Henri Vignon, exploitant forestier.

Il faut apporter de la valeur ajoutée au matériau en allant plus loin dans le produit fini. Mais aussi l’image des entreprises de scierie doit évoluer. Métier trop souvent qualifié de « vieillot ». Il faut savoir s’ouvrir sur le monde extérieur en rencontrant les clients sur place mais aussi en faisant des expositions dans les salons économiques.
Si l’on veut pérenniser son entreprise, il faut sûrement en premier lieu communiquer la passion du métier vis-à-vis de ses propres enfants mais aussi auprès de ses partenaires. Il doit y avoir une volonté de chacun et la nécessité de valoriser les hommes qui font ce métier. Une transmission se prépare par un travail de communication qui peut durer des années.

4ème atelier : Quels impacts sur les entreprises ont la certification, le futur marquage CE ?
Participants : François Buckenmeyer et son épouse, scieur, Stéphane Bourcier, consultant forêt-bois, Gérard Blondeau, fabricant d’H.L.L, Joseph Matray, sécheur, Stéphane Garzend, scieur, Jérôme Vadot, scieur, Denis Besson, CRAM Rhône Alpes

Les atouts : un audit qui permet de faire un point sur l’entreprise, avoir un produit qualifié et identifié, ainsi qu’un suivi commercial et des garde-fous dans les procédures de fabrication et de commercialisation.
Les contraintes : un suivi administratif, une redevance à répercuter sur le client ! La formation du personnel, une responsabilisation accrue du personnel, sciage rigoureux en sur côte.
Les acteurs se plaignent de ne pas avoir assez d’informations par les institutionnels sur le sujet du marquage CE.
La réponse au sujet du séchage pour les bois de structure est encore floue. D’un côté la norme ne l’impose pas alors que le D.T.U charpente l’exige !


5ème atelier : Peut-on envisager des partenariats durables ?
Participants : Etienne Lescure et son épouse, scieur mobile, Patrick Bourgeois, professeur scierie, Denis Besson, CRAM Rhône Alpes, Christian Bellaton et son épouse, scieur, Henri Vignon, exploitant forestier, François Rennesson, scieur

Peut-on envisager des partenariats durables ? La réponse est affirmative. On ne peut plus travailler tout seul aujourd’hui. Le partenariat est durable si l’on a la volonté de travailler ensemble. C’est le rapport "gagnant gagnant" basé sur la confiance, la transparence et le service. Les partenariats vont de l’amont à l’aval entre fournisseurs, transformateurs et utilisateurs mais aussi en transversal entre banquiers, institutionnels, formateurs…
La relation transparente et durable n’est pas forcément formalisée par un contrat écrit et étalé au grand jour. Beaucoup de groupement d’affaires existent mais, à part le chef d’entreprise et son partenaire, personne ne le sait. Confidentialité commerciale oblige. De toute évidence avec la concentration des grands négociants et la disparition des petits négociants locaux, il faudra trouver des moyens pour vendre autrement : regroupement de l’offre, embauche d’un commercial partagé, relance du courtage !

6ème atelier : Peut-on prendre en main collectivement la vente des sciages en structurant l’offre et l’image ?
Participants : Michel Junet, scieur et négociant, François Buckenmeyer et son épouse, scieur, Jérôme Vadot, scieur, Patrick Gallin, commis de coupe, Michel Dupuis, entrepreneur de travaux forestiers,, Jean Paul Galland, fournisseur matériel scierie, André Souvignet, exploitant forestier

Là aussi, plus de partenariats implicites que de groupements officiels. Cependant, le groupe convient que l’on gagnerait en efficacité en se regroupant sur des projets collectifs comme, par exemple, en installant un dépôt de sciages en périphérie de ville. Il faut véhiculer une image de marque. Beaucoup d’expériences de groupements se sont achevées par une entreprise qui récupère le projet initial. Mais d’autres fonctionnent comme Jura supérieur et Sélection Vosges pour ne citer qu’eux. En tout cas, il y a nécessité à offrir une image positive du produit et surtout collective.



7ème atelier : Comment mettre en adéquation la 1ère et la 2ème transformation du bois ?
Participants : Philippe Poncin et son épouse, scieur, Stéphane Garzend, scieur, Claude Raffin, scieur, Gérard Blondeau, fabricant d’HLL, Stéphane Bourcier, consultant forêt-bois, Christophe Recorbet, exploitant forestier, Joseph Matray, sécheur

Le scieur peut-il fournir le bois dont la 2ème transformation a besoin ? La réponse est oui si l’on connaît l’utilisation précise du bois mis en oeuvre. Cela éviterait souvent d’avoir des produits inadaptés et donc rebutés.
Des problèmes de communication, de disponibilité existent pour améliorer les rapports entre producteurs et utilisateurs. Tout se joue sur le relationnel. Il faudrait absolument prendre le temps d’aller régulièrement voir les clients. Mettre les problèmes au grand jour. Le scieur doit connaître les soucis du client et inversement. L’approvisionnement qualitatif et dimensionnel est plus facile auprès des exploitants forestiers. Cela évite de se disperser et de faire mieux son métier de scieur.

8ème atelier : Comment former et recruter les compétences ?
Participants : Jean Paul Giorgis et son épouse, scieur mobile, Michel Pompidou, intervenant affûtage, Odile Riquet, médecin du travail, Bernard Lambert, professeur affûtage, Claude Chatard, scieur, Régis Buisson, scieur, Lionel Amin, formateur forestier

Essayer de former des jeunes du pays plutôt que de débaucher les compétences chez les confrères. Il est plus difficile de trouver du personnel en zone urbaine. Les jeunes, qui quittent l’entreprise après la formation, laissent un sentiment de frustration à l’employeur ! Mais, il convient de se poser la question du "pourquoi les jeunes ne restent pas" ? Salaire insuffisant, mauvaise reconnaissance professionnelle, conditions de travail difficile ?
Il faut admettre qu’un jeune en sortie de formation n’est pas opérationnel tout de suite. Il convient de lui laisser du temps pour s’adapter en facilitant les contacts avec les autres salariés. En résumé faciliter les relations humaines. En formation, il convient de donner au jeune " le goût au métier " en passant du temps avec lui et en le mettant sur les machines de production dans des temps appropriés (en fin d’une série, en décalant son temps de travail pour l’avoir seul après la journée de travail... ) Un maître d’apprentissage sert à cela !
Si le chef d’entreprise n’a pas le temps de s’occuper du jeune qu’il délègue un tuteur parmi les salariés qualifiés de l’entreprise.
La formation reste un problème majeur et il a été souligné que les effectifs baissent d’année en année et qu’il y a menace de fermeture sur certains centres de formation préparant au métier de scieur et d’affûteur. Comme l’a soulevé l’Observatoire du métier de la scierie (auprès de la F.N.B et de l’Education Nationale) au printemps dernier ne pas prendre en considération ce problème est une démission de la profession ! On risque de le payer cher dans quelques années. Il faut se battre pour conserver les centres de formation et surtout y envoyer des jeunes. Le recrutement se fera sur une campagne nationale et sur la mobilisation des 2500 scieurs français et non pas sur des campagnes locales qui n’ont aucune portée mais se révèlent très coûteuses additionnées les unes aux autres. Il y a urgence à trouver des solutions car la formation scierie est dans le rouge !

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CONCLUSION :

Changer l’image du métier


C’est à Régis Buisson, vice-président de l’association représentant les scieurs, qu’est revenu le mot de la fin. Après tous les échanges de la journée, il a lancé « nous sommes des gens de conviction. Nous devons, et c’est très clair avec tout ce qui a été dit, communiquer sur le métier. En résumé, si nous voulons nous faire connaître auprès de nouveaux clients et surtout auprès des jeunes pour recruter des compétences, il va falloir changer l’image du métier. C’est à chacun de nous de faire un effort… » Il a été souligné aussi que doit être banni du langage professionnel le terme " scieur de tête ". En effet « comment ceux qui reçoivent le message l’interprètent-t-ils ? Cette formulation les incite-elle à venir voir notre métier ou au contraire à le fuir ?» a demandé Maurice Chalayer. Jean-Paul Galland, représentant le collège partenaire et avec sa verve habituelle, a conclu en disant que « les scieries aujourd’hui sont bien équipées mais fautent dans la partie commerciale »

 

Pour Régis Buisson, scieur dans l’Isère, la priorité c’est changer l’image du métier


Aide publique à l’investissement pour les scieries artisanales ?

Robert Lamy, député UMP du Rhône, le 20 avril dernier attirait l’attention du ministre de l’Agriculture sur les difficultés qu’éprouvent les scieries artisanales face à la restructuration des scieries au profit des grosses unités. Sans parler des nouvelles normes qui supposent des investissements très lourds, hors de portée des petites scieries, Monsieur Lamy est venu répéter « qu’il n’est pas question de voir disparaître l’activité artisanale en milieu rural. Ce serait une négation pure et simple de la politique d’aménagement du territoire que nous menons. J’ai demandé à Hervé Gaymard quelles mesures il envisage de prendre pour sauvegarder ce tissu professionnel indispensable à la dynamique de la filière bois. On sait que les cours du sciage n’évoluent pas, alors que vos coûts de production ne cessent de grimper. J’ai demandé qu’une aide publique à l’investissement soit étudiée pour que des écarts irréversibles ne se creusent entre secteur artisanal et secteur industriel »

 


Lancé par le Président de l’association, le député Robert Lamy
dit son soutien aux scieurs et à leurs partenaires
qui animent le monde rural

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Hommage aux bûcherons victimes de la tempête

A la suite de son premier congrès national, l’Observatoire du métier
de la scierie, a procédé à l’inauguration de la stèle mémorial des bûcherons
victimes des chablis de 1999, à Grandris en Haute Azergues.


Le rôle des bûcherons essentiel

La tempête qui toucha la France en décembre 1999 et qui fit tomber 144 millions d’arbres dans l’hexagone est encore dans toutes les mémoires. Pourtant, on connaît moins le lourd tribut payé par les "gens de la forêt", victimes des chablis. Si, comme l’estimait René Joennoz, représentant la DRAF Rhône Alpes, « le décompte exact du nombre de victimes est rendu difficile par la grande variété de leur régime social »
On évoque une centaine de disparus dans l’exercice de leur métier. « Le rôle des bûcherons professionnels mobilisés en masse fut essentiel après la tempête pour dégager d’abord les routes puis ensuite les parcelles sens dessus dessous » comme le souligna Jean Rabuel, représentant la chambre syndicale du peuplier de France. Des pertes humaines, trop nombreuses, qui rappellent douloureusement la dangerosité des métiers forestiers et la nécessité d’améliorer les conditions de travail. Gilbert Levrat, bûcheron de l’Ain, espère voir souffler « un esprit forestier nouveau, avec une filière solidaire et une collaboration accrue avec les pouvoirs publics afin de mieux gérer et valoriser la forêt »


Une partie des 43 souscripteurs
qui ont financé la stèle
La stèle en bois de séquoia


Un mémorial en Haute Azergues

C’est donc au nom de ce « devoir de mémoire » souligné par Michel Mercier, président du Conseil Général du Rhône, devant un public nombreux essentiellement composé de professionnels du bois et en hommage aux victimes et à leur famille qu’a été érigée, à Grandris en Haute Azergues, la stèle représentant le bûcheron en contact physique avec un chablis. La stèle, en bois de séquoia, inaugurée le samedi 28 août, a été réalisée à la tronçonneuse par le sculpteur jurassien Adrien Meneau. L’Observatoire du métier de la scierie, qui est à l’origine du mémorial, a rappelé par l’intermédiaire de son président fondateur, Maurice Chalayer « que cette initiative permette de sortir de l’ombre du bois les travailleurs de la forêt par reconnaissance à leur action sur notre environnement ». Le président a souligné qu’un quarante trois souscripteurs, professionnels de toute la filière bois et des particuliers ont financé entièrement le mémorial. « Une action privée de solidarité qui montre qu’il est possible de se mobiliser sans attendre tout des autres et surtout tout des pouvoirs publics et des organisations syndicales.... »

L’avenir, associé talent et savoir-faire des hommes du bois

Pierre Mourand, au nom de la communauté de communes de Haute Azergues, a mis en exergue le choix de l’implantation au cœur d’un territoire très boisé, connu pour ses Douglas, et aussi très touché par la tempête puisque sept années de récoltes ont été abattues en une nuit . Sans oublier, a-t-il dit, « ceux qui ont servi le métier avec courage, l’avenir est de développer ici comme ailleurs la richesse territoriale forêt avec le talent et le savoir-faire des hommes du bois »

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De gauche à droite : le sculpteur Adrien Meneau, le bureau de l’Observatoire du métier de la scierie,
Patricia et Maurice Chalayer et Hélène Dumont, un bûcheron retraité, Gilbert Levrat


Témoignage DE M. Gilbert LEVRAT, bûcheron retraité.
Montréal La Cluse Ain

« Ici, en terre beaujolaise, un homme, Maurice Chalayer, une équipe, femmes et hommes engagés dans l’Observatoire du Métier de la Scierie, ont voulu :
- témoigner et perpétuer une reconnaissance aux victimes
- compatir à la douleur de toutes les familles et personnes touchées par le drame humain que la tempête de cette fin de millénaire a hélas occasionné.
Pour cette association, il fallait penser aux victimes et laisser un signe visible et durable pour rendre hommage à ces professionnels qui ont donné leur vie à la forêt.
Elle l’a fait !
Les gens de la forêt ne l’oublieront pas et, aujourd’hui, ils lui expriment leur profonde gratitude.
Engageons-nous, nous aussi, à ne pas laisser l’oubli s’installer.
Ce mémorial rappelle le sacrifice des disparus, la douleur des familles, le devoir de mémoire.
Mais, il nous interpelle aussi et nous engage à une réflexion sur la survie des métiers de la forêt, la dangerosité du métier, la rentabilité, les cadences de récolte, les investissements lourds et rendements journaliers réduits pour les chablis.
La filière forêt bois a-t-elle été assez solidaire et équitable ?
Les pouvoirs publics ont-ils bien cerné l’importance du rôle des bûcherons débardeurs pour la pérennité de la forêt ?
En ont-ils mesuré les enjeux ?
L’homme d’aujourd’hui, toujours pressé, ne devrait jamais oublier qu’il «doit rendre des comptes à la nature ».
Le bois n’est pas une matière industrielle inerte, il est un produit vivant, issu du milieu naturel.
En forêt, gérer le temps, sans gérer l’homme, la spécificité de la forêt, du matériau bois, de l’économie locale au plus près de la ressource est une erreur qui hypothéquera les générations qui vont nous succéder.
La forêt est un patrimoine que nous recevons, que nous acquérons, que nous gérons. Mais nous ne devons pas ignorer qu'il nous impose l’obligation de le transmettre valorisé.
Malgré les contraintes et les difficultés, les gens de la forêt ont manifesté entre eux beaucoup de solidarité, d’amitié, de convivialité et la perte d’un collègue, d’un ami, a renforcé encore plus les liens naturels d’entraide légendaire, la philosophie et la fidélité aux choses simples de la vie et de la nature, la passion pour la forêt et le bois.
Pour nos disparus, devant ce mémorial, je veux faire un vœu et en appeler à la conscience collective :
sans opposer les idées, les engagements de chacun, les connaissances du passé qui ont une valeur expérimentale inestimable, nous devons pallier un manque, créer une dynamique, une complémentarité, une animation pour un esprit forestier nouveau, un dialogue constructif entre filière forêt bois et pouvoirs publics afin de considérer les différentes expressions de la connaissance comme complémentaires et de les associer dans l’intérêt général.
L’expérience et les informations recueillies par la logique de l’homme de terrain et des autres partenaires doivent toutes être prises en compte.
La synthèse des problèmes de chacun et l’analyse des propositions d’amélioration de chacun définiront une solution équitable pour tous.
La gestion raisonnée et durable de la forêt passe par tous ces critères.
N’est-il pas urgent de donner les moyens humains, sociaux, financiers, une formation adaptée aux vrais écologistes que sont les récoltants forestiers et sylviculteurs : ces hommes et ces femmes qui n’ont qu’une volonté : vivre décemment de leur travail et de leurs compétences reconnues !
Je terminerai par cette citation de Charles Flahaut :
« la sollicitude qu’un peuple témoigne à ses forêts marque le degré de sa culture intellectuelle et de son éducation morale »
Je vous remercie… »

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Témoignage de René JOENNOZ, Chef du Service Régional de la Forêt et du Bois Rhône Alpes

« En ces circonstances douloureuses, c’est au nom de l’Etat et de l’administration du Ministère de l’Agriculture, de la Pêche, de l’Alimentation, et des Affaires Rurales (MAAPAR), en tant que membre de la DRAF, que j’ai l’honneur de prendre la parole ce soir.
Nous sommes réunis pour l’inauguration de la stèle mémorial dédiée aux bûcherons victimes de chablis de décembre 1999. Le décompte des victimes est délicat car les régimes sociaux de ces victimes n’étaient pas les mêmes (entrepreneurs de travaux forestiers, salariés, mais aussi propriétaires ou usagers des forêts non professionnels, mais pourtant là pour sauver le maximum de ce qui peut être sauvé)
Ces chablis sont arrivés à une époque où les activités étaient ralenties, entre Noël et le Nouvel an, la " trêve des confiseurs" disent les journalistes. En dehors des zones fortement touchées, comme ici dans le Haut Beaujolais, le pays n’a pas immédiatement pris la mesure de l’ampleur des évènements. Il a fallu quelques jours pour se rendre compte que c’était la « tempête du siècle », même si les historiens ont montré depuis que des phénomènes atmosphériques de cette ampleur n’ont pas été exceptionnels au cours des cinq derniers siècles.
La mesure du désastre prise, il a fallu réagir vite. Et ce sont les bûcherons qui ont été les premiers sur place pour ouvrir les routes, dégager les lignes électriques et téléphoniques, apporter du réconfort aux populations isolées et traumatisées. Ils ont été là pendant plus de deux ans à récolter tout ce qui pouvait l’être. Ils ont été aidés bien sûr par les autres professions de la forêt (scieurs, transporteurs, propriétaires…). Le travail était dur, dangereux, mais rémunérateur.
Et puis est arrivée la fin des chablis et le prix du travail a baissé, ce travail a parfois manqué. Ce sont les dures lois du marché. Et les cours du bois ont toujours eu des hauts et des bas, c’est la tradition. Et maintenant c’est reparti ! La leçon à tirer de ces épreuves, c’est qu’il faut avancer dans le domaine des conditions de travail en forêt. La mécanisation des travaux forestiers va dans ce sens. L’avenir de la profession en dépend.
Je remercie l’Observatoire du Métier de la Scierie et le Club des scieurs développeurs et de leurs partenaires pour avoir pris l’initiative d’ériger un tel monument aux victimes du travail, monuments trop rarement établis près des grands chantiers, lesquels ont souvent fait des victimes. Je remercie tout particulièrement M.Maurice Chalayer qui s’est dévoué sans compter pour que le projet aboutisse. Je pense aussi à M.Gilbert Levrat, du département de l’Ain, qui a pensé à un tel mémorial dans son département, sans pouvoir le réaliser matériellement.
Pour terminer, ayons une pensée toute particulière envers ceux pour lesquels nous sommes réunis aujourd’hui, et qui sont encore avec nous par l’esprit : les victimes de l’exploitation des chablis.


ALTABOIS

Pour décompresser du congrès, quelque dix équipes de professionnels du bois (scieurs, exploitants, fabricants, commerciaux) se retrouvées dimanche matin au départ de l’Altabois à Poule-les-Echarmeaux en Haute Azergues.

En tout, ce sont trente personnes qui se sont confrontées en VTT sur un parcours de 45 km avec à chaque relais des épreuves liées aux métiers du bois : découpe au passe-partout, déplacement de billes, empilage de charge de voliges, portage d’une pièce de charpente, montage d’une ferme traditionnelle et enfin un questionnaire lié à la filière bois.
C’est l’équipe MFLS, entreprise d’affûtage venue en force avec pas moins de trois équipes, qui a remporté le trophée en bois réalisé à la tronçonneuse sur le village d’arrivée, par Adrien Meneau, sculpteur jurassien. L’objectif de montrer les produits bois a été atteint puisque le stand de l’association du Club des scieurs développeurs a été visité toute la journée par un public nombreux et heureux de "toucher du bois "


L’équipe MFLS, dans l’exercice de remontage chronométré d’une ferme traditionnelle


Visionnez les images en cliquant sur le mémorial: et faites lecture de "l'Actes du Congrès",chapitre Ateliers, chapitre Conclusion, témoignage de René Joennoz, hommage aux victimes, chapitre Altabois.
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©Maurice Chalayer

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