EXPERTISE DE L’OBSERVATOIRE DU METIER DE LA SCIERIE
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LA LAME DE SCIE EN PLEINE EVOLUTION

 

 

L’Observatoire du métier de la scierie et son club de scieurs développeurs a confirmé le samedi 9 juillet 2005, à l’occasion de sa deuxième assemblée générale, sa volonté d’être un lieu d’expertise et un laboratoire d’échanges de pratiques professionnelles. Pour cela les soixante  participants ont été invités à la Manufacture Forézienne de  Lames de Scie d’Epercieux-Saint-Paul dans la Loire dirigée par Christian Senegas adhérent de l’association. Cette rencontre  en deux temps  a permis de visiter les ateliers de la MFLS puis d’assister à une conférence expertise sur le thème « Etat actuel des outils de coupe de 1er débit et leur évolution » et de terminer par le compte rendu des activités de l’association.

 

Réviser ses connaissances

 

Créée en 1977, La MFLS emploie 200 personnes en France et dans ses filiales italiennes et espagnoles. Son chiffre d’affaires s’élève à 18 millions d’euros. L’entreprise forézienne, spécialiste de la lame de scie à destination de la scierie mais aussi de la menuiserie, du cuir et de l’alimentaire, commercialise  ses propres produits à 50 % sur le marché national, 8 % en Rhône Alpes, sa région d’attache, et 42 % à l’export. A 85 % les clients sont les utilisateurs eux-mêmes, 5 % sont des grossistes et 10 % des détaillants. Après avoir donné ces informations, le dirigeant et créateur de la MFLS invite le groupe à la visite des ateliers en fonctionnement. Bon nombre de participants, y compris les scieurs, découvraient pour la première fois les étapes chronologiques de la fabrication des lames de scie à ruban du dentage à la soudure et du planage, tensionnage, dressage à la dépose du stellite. L’équipe de salariés mobilisés pour l’occasion a fait preuve de pédagogie pour expliquer chaque phase des processus qui sont gérées par code barre informatisée. Cette procédure permet de connaître à chaque instant où en sont les commandes. En semaine, la production est assurée par 70 opérateurs. Seuls 30 % de la production sont standardisés.

Les groupes sont passés de la fabrication des petits rubans de menuisier à la préparation des lames de châssis pour finir dans la zone attribuée au ruban de scierie et à l’entretien des circulaires. L’optimisation des postes de travail, clairs et spacieux,  permet d’obtenir des délais de fabrication entre 2 à 4 semaines. La MFLS a aussi explicité mais sans en dévoiler les « secrets de fabrication » le concept du nouveau produit phare de l’entreprise depuis 2003 : la lame ruban TCT carbure qui permet d’assurer 40 heures de sciage sans affûtage.

 

 

 

 

 

Christian Senegas, dirigeant de la MFLS, accueille les participants

de la seconde A.G de l’Observatoire du métier de la scierie

 

 

Expertiser le secteur de la lame de scie

 

A l’occasion de cette rencontre, a été livré le résultat d’une étude1 portant sur l’évolution des outils de coupe destinés à la scierie et sur l’état actuel de ce marché.

Maurice Chalayer, président de l’Observatoire du métier de la scierie, a retracé les principales évolutions de la scie depuis l’Antiquité. « Léonard de Vinci au 15ème siècle apporte un progrès décisif à l’essor de la scie mécanique en adjoignant le vilebrequin au célèbre châssis qui traversera les siècles. Ensuite l’Anglais Newberry qui invente la scie à ruban en 1808 ne se doutait sûrement pas de l’essor que prendrait sa machine en deux siècles et pas davantage que le mécanicien parisien, M.Albert qui, en 1799, dépose le premier brevet de la scie circulaire qu’il nomme la scie sans fin ». Le chemin parcouru est immense et si le secteur de la première transformation se concentre tant en France que dans le monde entier, on peut dire que cela n’influence nullement la production qui devient, bien au contraire, plus forte et surtout meilleure en terme de qualité dimensionnelle et d’état de surface.

 

 

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Le ruban très présent en France

 

Marc Ginot, directeur technique de la MFLS, a apporté des éléments d’analyse prélevés directement sur le terrain des entreprises clientes. Il en ressort que le marché Français des scieries utilise à 93 % des rubans associés aux multilames circulaires, 5 % de châssis et 2 % de lignes canter. La scie alternative est donc « en voie de disparition » alors que le ruban conforte sa position dans les scieries artisanales et semi- industrielles. Les lignes de canter quant à elles équipent tout naturellement, comme chez nos voisins d’Europe du Nord, les scieries industrielles qui transforment plus de 60 % des 10 millions de m3  sciés. Au final, les schémas de production semblent les mêmes en Europe de l’Ouest où les lignes de canter sont utilisées pour les petits bois et les gros bois traités en ruban.  La maîtrise du ruban a beaucoup évolué et les transformateurs sont très sensibles à la valeur du trait de scie. Marc Ginot précise « qu’aujourd’hui de grosses unités de production  (350 000 à 500 000 m3 par an de sciage) utilisent la scie à ruban dans des lignes Twin, Quatro ». Pour l’Europe de l’Est, qui possède un gisement forestier très important, on constate encore une très forte utilisation de la lame alternative mais avec les transferts technologiques dus aux délocalisations, la mutation industrielle s’opère sur le modèle  de l’Europe de l’Ouest.

Le paysage de l’utilisation des outils de coupe en Europe du Sud est très voisin du marché français avec néanmoins des volumes sciés plus faibles.

 

 

 

 

 

 

Marc Ginot, directeur technique de la MFLS, explique

l’évolution des lames de scie

 

 

 

 

L’avenir des lames de scierie

 

Sur le marché national, si la lame alternative ne semble pas s’inscrire dans des projets de développement car il y a de moins en moins de producteurs qui l’utilisent, ce n’est pas le cas de la scie circulaire et ruban. Pour la circulaire, le carbure est utilisé à plus de 90 % sur le marché des multilames déligneuse et canter. Le carbure  s’est imposé dans les années 80/90 pour être aujourd’hui l’outil de référence. Ce développement a permis d’augmenter considérablement les durées de coupe des outils et de diminuer l’entretien. Cette application a permis de faire entrer le débit du bois dans une phase industrielle avec de très fortes capacités de production par le biais des lignes canter et la multiplication des multilames qui ont remplacé de nombreuses scies à ruban de reprise. Si on constate une amélioration constante des carbures, il semble prématuré de parler de lame diamant ou céramique dans la première transformation du bois, ceci pour des problèmes de sollicitations mécaniques et surtout de coût de revient.

La lame ruban pour la scierie est encore utilisée sous trois formes : denture écrasée, denture stellitée et depuis deux ans la denture carbure.    Selon une enquête effectuée2 sur 2211 clients français de l’entreprise MFLS, 26 % des clients utilisent les lames écrasées, 70 %  des lames stellitées et 12 % des lames Tungstène Carbide Types (TCT). Il est à noter que la somme des pourcentages est supérieure à 100 % car certains clients utilisent deux techniques.

L’emploi des lames ruban stellitées a fortement augmenté ces quinze dernières années, il était inférieur à 50 % en 1990. Si l’utilisation de  la lame ruban écrasée a fortement diminué, cette dernière reste cependant très implantée sur certains massifs forestiers comme par exemple les zones de guerre touchées par les éclats d’obus et la mitraille. Cette technologie, en effet, offre une très grande autonomie aux scieries qui la pratiquent. Quant au taux d’utilisation de la lame carbure, il progresse régulièrement. Sa part de marché à venir pourrait se situer aux alentours de 35 %. La tenue de coupe moyenne est de 40 heures de sciage grâce à une matière plus dure et résistante à l’abrasion, soit cinq fois plus que pour le stellite et l’écrasé.

 

 

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Quel avenir pour l’entretien des lames ?

 

Toujours selon le panel d’entreprises enquêtées, on s’aperçoit qu’à 64 % c’est le dirigeant qui assure le rôle d’affûteur. 22 % des scieries confient l’entretien des lames à un affûteur salarié et 13 % à un prestataire.

La  tendance de  l’externalisation de l’entretien total des rubans semble naître sur le marché français mais se confirmera-t-elle dans les années à venir comme ce  fut le cas dans le passé pour les circulaires carbure ? En tout état de cause, alléger la tâche quotidienne des dirigeants est intéressant pour qu’ils puissent s’investir sur d’autres secteurs de la scierie. De plus, et c’est aussi une réalité, le recrutement de personnel qualifié dans le domaine de l’affûtage reste délicat : on sait que seulement 16 mécaniciens affûteurs de scierie ont été reçus en France au CAP en 2003. On peut dire que si les outils ont évolué en technicité, la formation initiale a régressé considérablement pour être même suspendue dans certaines écoles faute de candidats !

En conclusion et selon Thierry Nouchet de Vollmer France, « il reste encore des pays, comme l’Amérique du Sud où le sujet de l’externalisation n’est pas d’actualité ». A ce sujet, Maurice Chalayer a lancé « attention à ne pas perdre nos savoir-faire initiés au  lycée Technique du Bois de Mouchard dans les années 40 par son célèbre professeur Mornico ! Heureusement il reste encore des experts de l’affûtage qui sont  prestataires de formation continue et donc d’une grande utilité pour les scieurs. Mais quand sera-t-il dans quelques années ?»    

 

 

 

 

 

L’affûtage, un métier d’expert, dont dépend  la qualité du sciage et la productivité de la scierie.

René Joennoz de la DRAF Rhône Alpes en découvre toute la complexité

 

L’observatoire suit les évolutions du métier

 

Suivre l’évolution du métier de la première transformation du bois reste l’axe principal de l’association qui a conclu la journée par son rapport d’activité. Régis Buisson, représentant le collège scieur, et Jean-Paul Galland, représentant le collège partenaire, ont rappelé les temps forts de l’année écoulée : la conférence à Expobois 2004, le 1er congrès des scieurs développeurs, l’inauguration de la stèle mémorial des bûcherons victimes de l’exploitation des chablis, la première enquête de l’Observatoire sur un panel qualitatif de scieurs représentant les secteurs artisanal et semi industriel. Jean-Paul Galland est revenu sur l’inquiétude des professionnels qui ont  de plus en plus de difficultés à recruter du personnel qualifié. Il reprend le message de l’Observatoire qui depuis 2003 répète qu’il y a urgence à se pencher sur ce problème récurrent et de donner « des images modernes qui montrent le haut niveau de technicité qu’a atteint le métier de scieur ».

Enfin la rencontre technique à la MFLS  concrétise la volonté de l’association d’échanger de l’information entre scieur, exploitant forestier, propriétaire forestier, 2ème transformateur, formateur, fournisseurs lames et machines, consultant…

 Maurice Chalayer a affirmé que  « s’écouter, voir sur le terrain les pratiques professionnelles et en débattre  enrichissent et revalorisent nos engagements réciproques».

 

 

 

 

 

Le Président de l’Observatoire, Maurice Chalayer, veut suivre les évolutions du métier de la scierie et l’expertise de la lame de scierie en est la preuve.

 

 

 

 

A ce titre, René Joennoz, Chef du Service Régional de la Forêt et du Bois Rhône Alpes, qui est venu découvrir de l’intérieur le métier d’affûteur, a conclu la rencontre en relevant que « la convivialité et la richesse des échanges qui règnent au sein du club des scieurs développeurs et de leurs partenaires  permettent d’aborder positivement les  problématiques des uns et des autres ».  Ce message  pourrait s’adresser à la Fédération Nationale du Bois qui souhaite que l’Observatoire soit « une boîte à idées » pour orienter les actions et des programmes en cours.

 

 

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 1 Etude faite en collaboration entre l’Observatoire et l’entreprise  MFLS qui peut être demandée à l’Observatoire du métier de la scierie. 69870 Lamure-sur-Azergues.

 

2 Enquête de mai 2005 portant sur le marché national.

 

 

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